Visite en Grèce de Hollande, décidé à peser dans le débat européen

Bien décidé à continuer à peser dans le débat européen, l’ancien président de la République François Hollande va défendre à nouveau sa vision d’une Europe à plusieurs vitesses, lors d’un voyage jeudi et vendredi en Grèce.

Pas de visée électorale, selon son entourage. Mais trois ans après le sauvetage de la Grèce, dans lequel la France avait joué un rôle décisif, l’ancien président de la République confie à l’AFP vouloir rappeler que "l’Europe peut apporter des solutions" dans un "esprit de responsabilité et de solidarité" et "faire valoir qu’il y a des pays qui ont fait beaucoup de sacrifices pour rester dans la zone euro". Il veut aussi mettre sur la table un certain nombre de propositions, à quelques mois des européennes.

En attendant, François Hollande se saisit de toutes les occasions pour ne pas se faire oublier, voire provoquer le "buzz". Il a profité de l’oeil d’une caméra à Brives, lors de la promotion de son livre "Les leçons du pouvoir", pour glisser à l’une de ses lectrices: "Je vais revenir".

Une séquence qui a fait le tour du net français, alors qu’il avait dit en août n’être "jamais parti de la vie politique".

"C’est caractéristique de ces petites phrases qui n’ont pas forcément autant de sens que ce qu’on voudrait leur donner", commente auprès de l’AFP l’ancien ministre Michel Sapin, qui continue de travailler auprès de M. Hollande. "Il est dans le paysage. Il y tient. (…) Peut-être que la dame n’avait pas vu qu’il est déjà revenu", s’amuse-t-il.

A Brive, M. Hollande a aussi réagi à la grogne des "gilets jaunes" contre la fiscalité des carburants. "Des taxes, moi-même j’en avais décidées. Mais pas autant. Il faut lisser ça dans le temps, et il faut faire varier ça selon le prix du pétrole", a-t-il affirmé à CNews.

Risque de "blocage"

Au programme grec, une visite du camp de réfugiés d’Eleonas, dans la banlieue d’Athènes, une conférence débat avec de jeunes francophones, un dîner avec le président Prokopios Pavlopoulos et un entretien avec le Premier ministre, Alexis Tsipras.

Outre un "approfondissement de l’Union économique et monétaire", M. Hollande souhaite un "dépassement" de l’Europe, seul capable d’éviter la "crispation identitaire".

Pour opérer ce dépassement, il faut selon lui se résoudre à une Europe à plusieurs vitesses, avec un noyau de pays volontaires pour "aller plus vite" sur l’écologie, les industries d’avenir, l’harmonisation fiscale, la taxation des géants du web, la taxe sur les transactions financières, la question des réfugiés… "peut-être en commençant par la France et l’Allemagne".

"Le risque pour l’Europe, c’est le blocage. C’est que plus rien n’avance (…) Il faut offrir de nouvelles étapes", estime M. Hollande, qui avait déjà plaidé en mars 2017 pour une Europe différenciée.

L’ancien président, qui a passé deux jours en Belgique la semaine dernière, se rendra la semaine prochaine en Allemagne, toujours dans l’objectif de "porter la voix de la gauche et de la sociale-démocratie" en Europe, selon son entourage.

Royal "sincère"

Mais "François Hollande ne s’impliquera pas dans la campagne" des européennes. A la différence, peut-être, de son ancienne ministre et ancienne compagne Ségolène Royal. "Il se voit comme une vigie", dit son entourage.

Interrogé par l’AFP sur l’éventuelle candidature de Mme Royal, M. Hollande l’encourage discrètement. "Il y a un espace favorable. Les électeurs qui seraient tentés de voter pour En Marche, le seraient davantage pour marquer un soutien à l’Europe qu’un soutien au gouvernement (…) C’est en ce sens qu’une candidature socialiste peut gêner En Marche", observe-t-il.

Pense-t-il que Mme Royal pourrait se laisser convaincre ? "Je pense qu’elle est particulièrement sincère quand elle dit qu’elle s’interroge", répond-il.

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