Venezuela : Paris « exige la libération » des journalistes de « Quotidien »

Paris et Bruxelles haussent le ton après l’emprisonnement des deux journalistes français de l’émission Quotidien et de deux de leurs collègues de l’agence de presse espagnole EFE par les autorités vénézuéliennes. La France « exige la libération » des deux journalistes français arrêtés mardi au Venezuela, a déclaré jeudi le ministère français des Affaires étrangères. « Nous exigeons leur libération et mettons tout en œuvre pour l’obtenir dans les plus brefs délais », a déclaré la porte-parole du Quai d’Orsay, Agnès von der Mühll, lors d’un point de presse électronique. L’Union européenne exige de son côté la libération de tous les journalistes détenus sans raison au Venezuela, a annoncé jeudi à Bucarest la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini. « J’appelle personnellement à la libération des journalistes », a-t-elle insisté.

Les deux journalistes de l’agence espagnole arrêtés sont la vidéaste colombienne Mauren Barriga et le journaliste espagnol Gonzalo Domìnguez. Des interpellations qui suivent celles de deux journalistes français de l’émission de télévision Quotidien et l’expulsion de deux de leurs confrères chiliens après avoir été détenus plusieurs heures. Pierre Caillé et Baptiste des Monstiers, reporters de l’émission du journaliste et animateur Yann Barthès sur la chaîne française TMC (Télé Monte-Carlo), filmaient le palais présidentiel mardi soir quand ils ont été interpellés, ont indiqué des sources diplomatiques à l’Agence France-Presse. Les journalistes français ont été arrêtés au Venezuela avec « leur producteur dans le pays, Rolando Rodriguez », a précisé le Syndicat national des travailleurs de la presse (SNTP). « Depuis le contact a été perdu avec eux », a ajouté le SNTP, principal syndicat de journalistes au Venezuela. « Deux journalistes de notre équipe ont été arrêtés hier au Venezuela. Ils étaient sur place pour couvrir la crise politique. À l’heure actuelle, il est difficile d’en dire plus au risque d’aggraver leur situation. On pense à eux », ont tweeté des responsables de l’émission.

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Deux journalistes de notre équipe ont été arrêtés hier au Vénézuela. Ils étaient sur place pour couvrir la crise politique. À l’heure actuelle, il est difficile d’en dire plus au risque d’aggraver leur situation. On pense à eux.#Quotidien

De nombreux journalistes expulsés du Venezuela

Deux journalistes chiliens étaient par ailleurs toujours détenus mercredi après avoir été arrêtés la veille au soir, également près du palais présidentiel, en compagnie de deux de leurs confrères vénézuéliens, qui ont été relâchés depuis, selon le syndicat. Rodrigo Pérez et Gonzalo Barahona travaillent tous les deux pour la chaîne de télévision chilienne TVN. Le président chilien Sebastián Piñera a exigé, mercredi, la « libération immédiate » de ses deux compatriotes. Le chargé d’affaires chilien à Caracas, Roberto Araos, se trouvait mercredi, depuis le début de la matinée, devant le palais présidentiel dans l’attente de leur libération. « C’est ce que font les dictatures : piétiner la liberté de la presse, bâillonner la liberté avec la violence. Je suis reconnaissant que nos compatriotes chiliens rentrent sains et saufs », a déclaré sur Twitter le ministre chilien des Affaires étrangères, Roberto Ampuero, dénonçant « quatorze heures de détention injustifiables ».

Un photographe colombien de l’agence espagnole EFE, Leonardo Muñoz, a été également arrêté mercredi alors qu’il s’apprêtait à couvrir les manifestations de l’opposition à Caracas. Selon l’agence de presse, le photographe était entré dans le pays le 24 janvier avec deux collègues, en provenance de Bogota. À l’aéroport de Caracas, « ils ont déclaré qu’ils allaient réaliser un travail journalistique au Venezuela », a indiqué EFE. « Le gouvernement de Colombie rejette l’arrestation au Venezuela de son ressortissant Leonardo Muñoz (…) et exige sa libération immédiate », a commenté sur Twitter le ministre des Affaires étrangères colombien, Carlos Holmes Trujillo. De nombreux reporters étrangers ont été arrêtés ou expulsés ces dernières années au Venezuela, faute de visa de journaliste. Ces nouvelles arrestations sont survenues à quelques heures d’une manifestation à l’appel de l’opposition qui exige la mise en place d’un gouvernement de transition et l’organisation d’élections générales libres.

Déjà 40 morts et 850 arrestations

Sans mentionner explicitement les arrestations de ces jours-ci, le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Jorge Arreaza, a dénoncé sur Twitter que des journalistes étrangers soient entrés dans le pays « sans réaliser auparavant la demande de permis de travail auprès de (leurs) consulats ». Il a appelé les médias et agences internationales à « réaliser les démarches indispensables » pour « éviter des inconvénients ». Mardi, Reporters sans frontières (RSF) avait dénoncé « les violences des forces de l’ordre à l’encontre des journalistes » vénézuéliens et internationaux couvrant les mouvements de protestation qui secouent le pays depuis le 21 janvier.

Ces manifestations ont fait au moins 40 morts et 850 personnes ont été arrêtées, selon l’ONU. RSF a demandé au gouvernement le « respect de la liberté d’information » et a dénoncé les confiscations de matériel (caméras, téléphones portables…) ainsi que la censure sur les radios et télévisions locales. Les arrestations des quatre journalistes internationaux sont intervenues peu avant une nouvelle manifestation à l’appel de l’opposition, qui exige la mise en place d’un gouvernement de transition et l’organisation d’élections générales libres. « Ils ne pourront pas empêcher que le monde sache ce qui se passe au Venezuela », a réagi sur Twitter l’opposant Juan Guaidó, le président autoproclamé qui a pris la tête de la mobilisation, en référence au gouvernement du président socialiste Nicolás Maduro. « Bientôt une pleine et entière liberté d’expression et d’information régnera au Venezuela. Nous y travaillons sans relâche », a ajouté le chef du Parlement, reconnu comme président par intérim par les États-Unis et plusieurs pays d’Amérique latine.

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