Tunisie: le gouvernement confronté à une nouvelle vague de protestation sociales

La Tunisie connaît, depuis le début du mois de janvier, une vague de protestations sociales concentrée dans les régions intérieures du pays, secouées par un mouvement similaire presque à la même période de l’année dernière.

Les observateurs locaux ne manquent pas de souligner la coïncidence de ces mouvements, devenus un rituel annuel, avec l’anniversaire de la révolution du 14 janvier 2011, qui avait éveillé les aspirations à "la dignité", à la "justice sociale" et au développement local.

A en croire certains commentateurs, les autorités tunisiennes s’attendaient à la résurgence de la contestation sociale en cette période, des ministres ayant confié que le chef de gouvernement Youssef Chahed "se préparait déjà à absorber la colère à coups de mesures et de visites sur le terrain".

En effet, M. Youssef entreprend, actuellement, une visite dans le gouvernorat de Jendouba, secoué en début du mois par des émeutes nocturnes et d’affrontements avec les forces de l’ordre.

A partir de cette région très proche de l’Algérie, il a reconnu "la légitimité" des revendications de développement des populations de Ben Guerdane, dans l’extrême-sud du pays à la frontière libyenne, en proie à des manifestations parfois violentes.

Après une accalmie relative enregistrée mercredi soir, les affrontements ont repris, dans la matinée, dans cette localité du gouvernement de Médenine, entre les manifestants et les forces de sécurité, qui ont riposté aux jets de pierre par l’usage de gaz lacrymogènes.

Les populations de Ben Guerdane, dont l’écrasante majorité vit de la contrebande, demandent le rétablissement des échanges commerciaux avec la Libye au niveau du poste frontalier de Ras Jedir, qui constituait la mère-nourricière de l’activité économique dans la région.

Dans le centre du pays, Meknassi, une localité proche de Sidi Bouzid, berceau de la révolution tunisienne, est paralysée, jeudi, par une grève générale, menée par la section locale de l’Union générale tunisienne du travail, les coordinations des chômeurs et les travailleurs des chantiers.

Des "milliers" de personnes, soutenues par la société civile, prenaient part, sans heurts jusque-là, à une marche imposante pour réclamer l’emploi, le développement et le départ du wali de Sidi Bouzid, après "l’utilisation de la violence par les forces de l’ordre et l’arrestation de manifestants" au cours d’une tentative d’irruption au siège du gouvernorat, en début de semaine.

Le 4 janvier dernier, de violentes émeutes nocturnes étaient venues déstabiliser la ville de Kasserine, non loin de la frontière algérienne, les autorités ayant accusé des réseaux de trafic de stupéfiants d’avoir fomenté ces troubles à l’ordre public pour faire passer de grandes quantités de drogue.

Dans la foulée de l’agitation sociale, les enseignants organisaient, ce jeudi matin à Tunis, un grand rassemblement dans le but d’obtenir le départ du ministre de l’Education nationale, Neji Jelloul, dont les réformes sont largement contestées.

Le syndicat "est en droit de discuter de mon départ avec le chef de gouvernement", a concédé le ministre dans une interview au quotidien +Al-Maghreb+, quoiqu’il s’est déclaré "très satisfait" de son bilan.

Le même journal invite, par ailleurs, le gouvernement Youssef Chahed à "faire une bonne lecture" des événements survenus en janvier au cours des dernières années.

"Si on n’écoute pas les requêtes des protestataires et si on ne satisfait pas certaines d’entre elles, le gouvernement sera frappé par la même anathème qui a touché ses prédécesseurs depuis la révolution", avertit la publication, réputée proche du gouvernement.

Avec agences

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