"L’association Shams a reçu lundi une notification du chargé du contentieux de l’Etat selon laquelle il a été décidé de suspendre ses activités pour une période de 30 jours", a dit à l’AFP Me Mounir Baatour.
Interrogé sur le motif de cette décision, il a affirmé qu’il n’était "pas clair" dans l’immédiat, ajoutant que les responsables de Shams s’apprêtaient à la contester.
Le vice-président de l’ONG, Ahmed Ben Amor, a de son côté dénoncé une décision "politique". "L’association exerce ses activités tout en respectant la loi. (…) Cette décision montre une volonté politique d’entraver nos activités", a-t-il avancé.
Créée l’an dernier, Shams ("soleil" en arabe) est la première association à défendre publiquement les droits des homosexuels en Tunisie –elle a tenu sa première réunion publique à l’automne–.
Elle réclame l’abrogation de l’article 230 du code pénal qui punit de trois ans de prison la sodomie et le lesbianisme, et fustige le recours à l’examen anal dans le cadre des procédures, un acte jugé "inhumain" et "dégradant".
Le mois dernier, l’ONG a vivement dénoncé la condamnation de six étudiants de Kairouan (centre) à trois ans d’emprisonnement et à une interdiction de séjour de cinq ans dans cette ville pour "pratiques homosexuelles". "Nous n’allons pas rester sans réagir", avait déclaré M. Ben Amor.
Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a rejeté début octobre l’hypothèse d’une dépénalisation de l’homosexualité. L’abrogation de l’article 230 "n’aura pas lieu, je refuse cela", avait-il asséné lors d’un entretien sur une chaîne TV égyptienne.