Ryad prône la « fermeté » contre l’Iran avant des sommets arabe et musulman

La ville sainte de La Mecque se prépare à accueillir des dirigeants arabes et musulmans pour trois sommets, alors que l’Arabie saoudite cherche à serrer les rangs face à son grand rival, l’Iran, après les récentes attaques contre des cibles pétrolières dans le Golfe.

Drapeaux et panneaux géants de bienvenue ornent les rues de cette cité religieuse de l’ouest du royaume saoudien où doivent se tenir jeudi soir des sommets de la Ligue arabe et du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) vendredi soir.

Il s’agira de réunions nocturnes en raison du jeûne du ramadan dans la journée, alors que des centaines de milliers de fidèles sont à La Mecque pour prier. Les autorités ont déclaré avoir bloqué six avenues.

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Ibrahim al-Assaf, a fustigé mercredi soir l’"ingérence" iranienne dans la région après de nouvelles accusations du conseiller américain à la sécurité nationale, John Bolton.

Ce néoconversateur, perçu comme le principal instigateur de la politique américaine d’extrême fermeté face à l’Iran, a affirmé que Téhéran était très vraisemblablement derrière les actes de sabotage du 12 mai contre des pétroliers au large des Emirats arabes unis.

Selon des analystes, l’Arabie saoudite veut isoler Téhéran dans le contexte de ces tensions actuelles. Le royaume saoudien sunnite est un proche allié de Washington et considère l’Iran chiite comme son ennemi juré.

"Le soutien de Téhéran aux rebelles Houthis au Yémen est la preuve de l’ingérence iranienne dans les affaires des autres nations et c’est quelque chose que (…) les pays islamiques devraient rejeter", a ajouté M. Assaf.

Il s’exprimait lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères des 57 membres de l’OCI à Jeddah, près de La Mecque.

Un représentant de Téhéran, Reza Najafi, directeur général des questions de paix internationale et de sécurité au ministère iranien des Affaires étrangères, a assisté à la réunion préparatoire de l’OCI, dont l’Iran est membre. En revanche, le chef de la diplomatie iranienne Javad Zarif n’était pas présent.

M. Assaf a dit que les attaques contre des cibles pétrolières devaient être traitées avec "fermeté et détermination", alors qu’une guerre psychologique se poursuit entre Téhéran et Washington dans un contexte de renforcement militaire américain face aux "menaces" iraniennes.

Deux pétroliers saoudiens, un norvégien et un émirati ont été endommagés le 12 mai au large du port de Fujairah, à l’entrée du Golfe, et John Bolton a attribué ces incidents à "des mines navales, très vraisemblablement d’Iran".

"Il n’y a aucun doute dans l’esprit de qui que ce soit à Washington sur l’identité du responsable de cette situation", a-t-il affirmé à Abou Dhabi sans cependant apporter aucune preuve.

Le Qatar présent

Les tensions régionales se sont exacerbées depuis que l’administration de Donald Trump a inscrit en avril les Gardiens de la Révolution iraniens sur sa liste noire d’"organisations terroristes" et a renforcé en mai les sanctions économiques contre Téhéran après avoir quitté, il y a un an, l’accord international sur le nucléaire iranien.

Elles sont encore montées de plusieurs crans après les incidents maritimes au large des Emirats et la multiplication de tirs de drones par les rebelles yéménites Houthis, soutenus par Téhéran, sur des cibles saoudiennes, dont deux stations de pompage d’un oléoduc le 14 mai.

Téhéran a "fermement rejeté" les accusations lancées mercredi par John Bolton, les qualifiant de "risibles".

"M. Bolton et les autres bellicistes qui recherchent le chaos devraient savoir que la stratégie de patience, la grande vigilance et la préparation défensive optimale de la République islamique d’Iran empêcheront la réalisation de leurs désirs diaboliques dans la région", a dit le porte-parole iranien des Affaires étrangères.

Fait significatif, le Qatar, au centre d’une grave crise diplomatique avec Ryad et ses alliés depuis juin 2017, a envoyé son Premier ministre, cheikh Abdallah ben Nasser Al-Thani, en Arabie saoudite.

Les Etats-Unis, alliés à la fois de Ryad et de Doha, ont salué cette annonce. Washington n’a cessé depuis deux ans de tenter des médiations pour régler cette crise qui nuit à sa stratégie d’isolement de l’Iran.

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