Un collaborateur de William Taylor, qui avait entendu les deux hommes discuter, avait demandé à Gordon Sondland ce que le locataire de la Maison-Blanche pensait de l’Ukraine. « L’ambassadeur Sondland a répondu que le président Trump s’intéressait davantage à l’enquête sur Biden », a déclaré le chargé d’affaires. La veille, Donald Trump avait demandé à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky de « se pencher » sur Joe Biden, bien placé pour l’affronter lors de la présidentielle de 2020.
Ouverture d’une enquête
La révélation de cet échange, à la mi-septembre, a décidé les démocrates à ouvrir une enquête dans le cadre de l’explosive procédure de destitution. Les démocrates soupçonnent Donald Trump d’avoir abusé de ses pouvoirs à des fins personnelles en conditionnant une aide militaire à l’Ukraine et une visite à la Maison-Blanche de Volodymyr Zelensky à l’ouverture d’une enquête sur Joe Biden. Le président républicain « a-t-il invité l’Ukraine à s’ingérer dans nos élections » ? « A-t-il commis un abus de pouvoir ? » s’est interrogé le parlementaire démocrate Adam Schiff, en ouvrant mercredi les premières auditions publiques depuis le début des investigations contre Donald Trump.
« L’affaire est aussi simple et terrible que cela », a ajouté l’élu de la Chambre des représentants qui supervise l’enquête en promettant d’avancer « sans rancœur » ni « délai ». Les élus républicains ont, eux, dénoncé « une campagne de calomnie orchestrée avec minutie dans les médias », reprenant la ligne de défense du président Trump qui se dit victime d’une « chasse aux sorcières ».
Une situation troublante
Lors de l’audition, deux diplomates ont pourtant dépeint une situation troublante. William Taylor a ainsi décrit les efforts déployés par l’avocat personnel du président, Rudy Giuliani, pour mettre en place un canal diplomatique « irrégulier » avec l’Ukraine. Selon le diplomate, ce canal opérait en marge des réseaux diplomatiques officiels et « à l’encontre des objectifs à long terme de la politique américaine ».
« À la mi-août, il m’est apparu évident que les efforts de Giuliani pour concocter des enquêtes politiques contaminaient désormais » les relations entre Kiev et Washington, a confirmé George Kent, haut responsable du département d’État spécialiste de l’Ukraine. William Taylor a également répété trouver « dingue » que l’aide militaire destinée à l’Ukraine puisse avoir été gelée « en échange » de l’ouverture d’une enquête sur Joe Biden. Comme lors de son audition à huis clos, il a redit que M. Sondland lui avait déclaré en septembre que le dégel des fonds était « conditionné » à l’ouverture de ces investigations.