Procédure de destitution : l’affaire ukrainienne qui menace Trump

Mercredi 13 novembre, un haut diplomate a rapporté que Donald Trump « s’intéressait » davantage à l’ouverture d’une enquête sur son rival Joe Biden en Ukraine qu’à la situation dans ce pays. Il était entendu au Congrès, dans le cadre de la procédure de destitution qui menace le président américain. William Taylor, le plus haut diplomate de l’ambassade des États-Unis à Kiev, a déclaré sous serment avoir appris récemment que l’ambassadeur américain auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland, avait fait cette déclaration le 26 juillet juste après s’être entretenu par téléphone avec le président Trump.

Un collaborateur de William Taylor, qui avait entendu les deux hommes discuter, avait demandé à Gordon Sondland ce que le locataire de la Maison-Blanche pensait de l’Ukraine. « L’ambassadeur Sondland a répondu que le président Trump s’intéressait davantage à l’enquête sur Biden », a déclaré le chargé d’affaires. La veille, Donald Trump avait demandé à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky de « se pencher » sur Joe Biden, bien placé pour l’affronter lors de la présidentielle de 2020.

Ouverture d’une enquête

La révélation de cet échange, à la mi-septembre, a décidé les démocrates à ouvrir une enquête dans le cadre de l’explosive procédure de destitution. Les démocrates soupçonnent Donald Trump d’avoir abusé de ses pouvoirs à des fins personnelles en conditionnant une aide militaire à l’Ukraine et une visite à la Maison-Blanche de Volodymyr Zelensky à l’ouverture d’une enquête sur Joe Biden. Le président républicain « a-t-il invité l’Ukraine à s’ingérer dans nos élections » ? « A-t-il commis un abus de pouvoir ? » s’est interrogé le parlementaire démocrate Adam Schiff, en ouvrant mercredi les premières auditions publiques depuis le début des investigations contre Donald Trump.

« L’affaire est aussi simple et terrible que cela », a ajouté l’élu de la Chambre des représentants qui supervise l’enquête en promettant d’avancer « sans rancœur » ni « délai ». Les élus républicains ont, eux, dénoncé « une campagne de calomnie orchestrée avec minutie dans les médias », reprenant la ligne de défense du président Trump qui se dit victime d’une « chasse aux sorcières ».

Une situation troublante

Lors de l’audition, deux diplomates ont pourtant dépeint une situation troublante. William Taylor a ainsi décrit les efforts déployés par l’avocat personnel du président, Rudy Giuliani, pour mettre en place un canal diplomatique « irrégulier » avec l’Ukraine. Selon le diplomate, ce canal opérait en marge des réseaux diplomatiques officiels et « à l’encontre des objectifs à long terme de la politique américaine ».

« À la mi-août, il m’est apparu évident que les efforts de Giuliani pour concocter des enquêtes politiques contaminaient désormais » les relations entre Kiev et Washington, a confirmé George Kent, haut responsable du département d’État spécialiste de l’Ukraine. William Taylor a également répété trouver « dingue » que l’aide militaire destinée à l’Ukraine puisse avoir été gelée « en échange » de l’ouverture d’une enquête sur Joe Biden. Comme lors de son audition à huis clos, il a redit que M. Sondland lui avait déclaré en septembre que le dégel des fonds était « conditionné » à l’ouverture de ces investigations.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite