Certes, Manuels Valls et, surtout, Jean-Michel Baylet (président des Radicaux de gauche) ont fustigé la tentation de certains candidats (surtout Ségolène Royal et Arnaud Montebourg) de revenir sur certains points à une économie « dirigée » et au « protectionnisme ». « Personne n’a le monopole de la gauche », a lancé Manuel Valls à Arnaud Montebourg. Certes, Martine Aubry et Arnaud Montebourg se sont opposés sur les affaires Woerth et Guérini. Certes, Martine Aubry et Ségolène Royal ont critiqué l’une des mesures phares préconisées par François Hollande : le « contrat de génération » (exonération de charges pour l’emploi d’un jeune si l’entreprise s’engage dans le même temps à conserver un senior dans l’emploi). « C’est très coûteux et cela ne correspond pas à la dynamique des entreprises », a estimé Ségolène Royal. « C’est une idée neuve », lui a répondu François Hollande. Mais au final, le débat a été très respectueux. A plusieurs reprises, les candidats ont même mis en avant leurs points d’accord.
Auparavant, chacun des candidats avait d’abord répondu à une question : « quelle serait la première mesure que vous prendriez si vous étiez élu président de la République ? ». Peu ont respecté la règle, la plupart évoquant une liste plus ou moins fournie de mesures. Première à s’exprimer, Ségolène Royal, nettement plus à l’aise que la première fois, a résumé ses propositions sous une formule, « justice et efficacité ». Elle a défendu une vaste réforme bancaire, le blocage des prix de l’essence et de cinquante produits de première nécessité, le rétablissement de l’année de formation des maîtres,et le rétablissement de la retraite à 60 ans.
Ensuite, Martine Aubry, très déterminée, a détaillé quatre propositions prioritaires : « réduire les salaires du président de la République et des ministres de 30 % », affecter à la réduction du déficit public 10 milliards récupérés sur les niches fiscales, aller voir, dès le lendemain de l’élection présidentielle Angela Merkel pour « changer l’Europe » et, enfin, introduire la parité de salaires entre hommes et femmes dans l’entreprise.
Chacun a joué sa partition
François Hollande, lui, a préconisé d’« aller à l’essentiel », réaffirmant les deux priorités qu’il a déterminées dès son entrée dans la campagne de la primaire : une grande réforme fiscale, et la jeunesse. Arnaud Montebourg, pour sa part, a creusé son sillon à gauche : il veut mettre sous tutelle les banques, leur « faire payer le prix de la crise », séparer la banque de dépôt et la banque d’investissement. Jean-Michel Baylet a, quant à lui, insisté sur la mise en place d’une gouvernance économique commune en Europe. Enfin, Manuel Valls a développé deux thèmes : « la République restaurée » (notamment en interdisant l’ingérence de l’exécutif dans la justice), et l’emploi.
Cette fois encore, chacun a joué sa partition, François Hollande, habile, laissant les autres parler puis se posant en rassembleur . Difficile de savoir si la tendance des derniers sondages sera accentuée ou infléchie. Hier, une enquête Ipsos-Logica indiquait qu’il avait encore accru son avance avec 44 % d’intentions de vote parmi les Français se disant sûrs de participer à la primaire. Martine Aubry, en recul, arrive loin derrière (27%), tandis que Ségolène Royal également, en baisse à 13%, est talonnée par Arnaud Montebourg (10 %).
RENAUD CZARNES