Mondial-2018: une marée humaine noie Paris dans la fête

"On est les Champions !" Dans une clameur dantesque et des larmes de joie, Paris résonnait dimanche soir du bonheur intense de centaines de milliers de supporteurs tricolores descendus dans les rues et sur les Champs-Elysées pour fêter la Coupe du monde de football des Bleus, vingt ans après celle de 1998.

Des incidents sporadiques ont éclaté dans la soirée sur la plus célèbre avenue du monde, qui se vidait progressivement vers 23H00 de ses fêtards.

Fous de bonheur après la victoire des Bleus sur les Croates (4-2), les supporteurs tricolores, dans une marée humaine, ont déferlé sur l’avenue, prenant d’assaut jusqu’aux toits des kiosques et abribus, dans un vacarme incessant de pétards et cornes de brumes, dans les brumes des fumigènes, en chantant "Champions du monde ! On est les Champions !", ou "Poooo, po po po po pooooo poooo" sur l’air de la célèbre chanson "Seven nation army".

Depuis le coup de sifflet final, devant les bars, dans les rues, dans les appartements, Parisiens et touristes par milliers chantent, dansent, klaxonnent, arrêtent les voitures, pavoisent enrobés dans le drapeau… Partout, Paris est une fête.

"Depuis que je suis née, on me dit: +Ah, en 98, c’était quelque chose, il faut avoir vécu ça sur les Champs-Elysées+. J’avais un an à l’époque mais ce soir je suis là !", exulte Elsa, une Parisienne de 21 ans, sur l’avenue rendue aux seuls piétons.

"Cimer les Bleus !"
La Tour Eiffel pavoise, comme l’arc de Triomphe qui se pare des portraits des joueurs, de leurs prénoms et de leur ville d’origine avec ce slogan: "C’est en France qu’on l’a gagnée".

"Cimer les Bleus !" clame un tag en verlan inscrit sur le monument de la place de la République, prise d’assaut par des dizaines de supporteurs.

Un peu plus loin, des audacieux font le plongeon de la victoire dans le Canal Saint-Martin, tandis que dans un tweet le ministère de l’Intérieur appelle à la "prudence" face aux "comportements dangereux": "La fête doit absolument rester belle". D’autres, près de la Comédie française, sautent dans les fontaines et dansent sous les jets d’eau en criant leur joie.

"C’est le plus bel été de ma vie !", s’exclame Myriam, 17 ans, en pleurs, alors que la fan zone parisienne de 90.000 supporteurs survoltés, au pied de la Tour Eiffel, se vide de sa marée bleu-blanc-rouge clamant "On a gagné, on a gagné !", "Champions, Champions du monde !"

"J’ai eu mon bac cette année et là on est champions du monde, c’est complètement fou", lance-t-elle, voix cassée. Des inconnus s’enlacent, une jeune fille embrasse un agent de sécurité sur la bouche.

"Y’a plus de problèmes"

Au Carillon aussi, les cornes de brume, sifflets et hurlements emplissent l’air. Devant ce bar du Xème arrondissement, visé par les attentas jihadistes du 13 novembre 2015, une foule bigarrée fait tournoyer les maillots.

"Voir tout le monde réuni dans la rue comme ça, c’est fou", s’émeut Ludovic Guaignant, technicien en électronique, maillot de Griezmann sur le dos. "Y a plus de problèmes, de racisme, tout le monde se rassemble. Y’a qu’avec le foot que tu vis ça !"

Dans la soirée, les Champs-Elysées se vidaient vers le bas, après des tirs de grenades lacrymogènes des forces de l’ordre dans la partie haute de l’avenue, qui répliquaient à des jets de projectiles.

Une trentaine de jeunes casseurs ont pillé le Drugstore Publicis et en sont ressortis, hilares, avec des bouteilles de vin et de champagne, avant que la police ne les fasse fuir à grand renfort de gaz lacrymogènes. Plus bas, un groupe de vingt jeunes a pillé un kiosque à journaux, lançant bibelots et cartes postales à la foule en criant "C’est cadeau !".

Hugo, trentenaire, se désole: "C’est pas possible, ça doit être la fête et ils foutent le bordel. Moi je ne reste pas avec ces cons, on va aller faire la fête ailleurs".

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