Mélenchon contre-attaque après l’audition de sa conseillère Sophia Chikirou

Après les perquisitions de mardi, le chef de LFI a tenu une conférence de presse vendredi où il demande la restitution de tout ce qui a été « pris illégalement ».

Plongé dans une tourmente juridico-médiatique depuis quatre jours, Jean-Luc Mélenchon a répliqué avec virulence vendredi, dénonçant une "offensive politique" de la "Macronie" contre la France insoumise et prenant la défense de sa conseillère Sophia Chikirou, entendue par la police à Nanterre.

Mme Chikirou a été entendue par la police anticorruption (Oclciff), dans l’enquête sur les comptes de campagne de la France insoumise. Elle est soupçonnée d’avoir surfacturé ses prestations auprès du candidat Mélenchon dont elle était la directrice de communication lors de la campagne de 2017.

"Nous sommes dans l’épreuve depuis dorénavant quatre jours, sous le feu d’une offensive politique organisée par toute la Macronie et qui a trouvé ses relais en instrumentalisant la police, la justice et les médias", a déclaré M. Mélenchon devant la presse au siège du parti.

Dans un monologue de plus de 40 minutes prononcé sans presque reprendre son souffle, M. Mélenchon s’en est pris au PS, coupable de ne pas l’avoir soutenu, à l’un des rapporteurs de la Commission nationale des comptes de campagne Jean-Guy de Chalvron ("cet être vil et dégénéré"), ou encore à Radio France, coupable selon lui d’une "série d’affirmations diffamatoires et calomnieuses" dans une enquête publiée vendredi matin sur Sophia Chikirou et sa société Mediascop.

Il a redit sa "confiance totale" en Mme Chikirou, un "bouc-émissaire".

M. Mélenchon avait lui-même été entendu jeudi à Nanterre, deux jours après une série de perquisitions à son domicile, chez des proches, et aux sièges de la France insoumise et du Parti de gauche.

Il s’est une nouvelle fois insurgé vendredi contre une opération n’ayant "aucun précédent politique dans la vie de ce pays" et qui a mobilisé "plus de cent policiers" sous la houlette du parquet et non d’un juge d’instruction.

Il a demandé "l’annulation" de la perquisition menée mardi au siège de LFI et "la restitution de tout ce qui a été prélevé", selon lui "illégalement". La perquisition avait tourné court, sans que ne soit délivré un PV au responsable légal de LFI Manuel Bompard, après l’irruption par la force dans les lieux de M. Mélenchon et de ses proches.

Une "présidentialité" abîmée

Les investigations ont été lancées à la suite du signalement adressé le 16 mars au parquet par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), qui est chargée de contrôler les comptes de campagne.

Fin 2017, cette autorité administrative indépendante avait validé les comptes des 11 prétendants à l’Élysée non sans avoir retranché certaines dépenses notamment pour Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Marine Le Pen (FN). Au total, plus de 400.000 euros de dépenses de la campagne LFI avaient été exclus des frais que l’État rembourse aux candidats ayant totalisé plus de 5 % des suffrages.

La campagne de M. Mélenchon n’est pas la seule à avoir fait l’objet d’un signalement à la justice: la CNCCFP avait également saisi le parquet au sujet de dons privés au bénéfice de la campagne d’Emmanuel Macron, mais après analyse, ce signalement n’a pas donné lieu à des suites judiciaires.

Cette enquête préliminaire du parquet de Paris est menée parallèlement à une autre enquête, qui porte sur des emplois présumés fictifs d’assistants au Parlement européen.

Quel qu’en soit les suites judiciaires, l’épisode laissera des traces chez M. Mélenchon. "C’est sa présidentialité qui est touchée", a commenté sous couvert d’anonymat un ténor socialiste.

Semblant vouloir conjurer ce présage, le dirigeant des Insoumis a rappelé une autre perquisition houleuse, en 1979 au siège du PS. "Plusieurs des personnes qui se trouvaient là ont depuis connu un destin qui a montré qu’ils savaient faire la part des choses entre une soirée de perquisition et l’exercice de leurs responsabilités", a-t-il dit, en référence à "l’actuel président du Conseil constitutionnel" Laurent Fabius.

Se disant "très fatigué", il a reconnu dans un début de mea culpa qu’il lui arrivait de "crier plus fort qu’il ne le faudrait" et estimé qu’il fallait "maintenant faire baisser le niveau de violence qui existe dans cette affaire".

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