Londres déroule le tapis rouge pour Trump dans l’espoir d’un accord commercial

Theresa May a vanté jeudi soir la force du lien transatlantique, y voyant une opportunité "sans précédent" de conclure un accord de libre-échange avec Washington après le Brexit, au premier jour de la visite de Donald Trump au Royaume-Uni dans un climat polémique.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ne sont pas seulement "les plus proches alliés, mais aussi les amis les plus chers", a déclaré la Première ministre britannique en accueillant le président américain et son épouse Melania pour un dîner de gala à Blenheim, imposante résidence de campagne près d’Oxford.

"Aujourd’hui, alors que nous nous préparons à quitter l’Union européenne, nous avons une opportunité sans précédent de faire plus", a-t-elle poursuivi, évoquant une "relation des plus spéciales" avec les Etats-Unis.

"C’est l’opportunité de conclure un accord de libre-échange qui crée de l’emploi et de la croissance ici au Royaume-Uni et aux Etats-Unis".

L’ambassadeur des Etats-Unis au Royaume-Uni, Woody Johnson, a assuré que M. Trump voulait "conclure un accord bilatéral", et "vite".

Pourtant, cette belle entente officiellement affichée a subi une série d’accrocs depuis l’arrivée au pouvoir du milliardaire, pas plus tard que ce jeudi lorsqu’il a mis les pieds dans le plat en critiquant la stratégie de Theresa May sur le Brexit.

Interrogé à Bruxelles à l’issue d’un sommet de l’Otan, il a dit douter que les propositions de la cheffe de l’exécutif britannique sur la future relation avec l’UE, qui prévoient une étroite coopération économique, correspondent au vote des Britanniques en faveur d’un départ de l’UE.

"Je ne sais pas si c’est ce pour quoi ils ont voté. Les gens ont voté pour rompre" les liens avec l’UE, a commenté le président américain. Theresa May a répliqué en disant que les propositions du gouvernement "répondent au vote des Britanniques".

Nigel Farage, fervent partisan de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, a prédit qu’il y aurait un "vrai clash" au sujet du Brexit, devant des parlementaires britanniques lors d’un rassemblement pro-Trump.

– «Cauchemar» –

Quelques heures après son atterrissage à Londres, Donald Trump a été accueilli par les huées de quelques centaines de personnes opposées à sa venue, devant Winfield House, résidence de l’ambassadeur des Etats-Unis dans Regent’s Park, où le couple présidentiel passera sa première nuit.

Pendant plus d’une heure de demie, les manifestants ont fait le maximum de bruit possible pour dénoncer les politiques de M. Trump en matière migratoire, climatique ou d’armement, équipés de casseroles, sifflets, mégaphones ou crécelles.

Amnesty International a déployé une banderole de 15 mètres sur un pont surplombant la Tamise, face à l’ambassade des Etats-Unis, qualifiant M. Trump de «cauchemar pour les droits de l’Homme».

De nombreuses protestations anti-Trump ponctueront la visite du président américain, la plus massive devant rassembler des dizaines de milliers de personnes vendredi à Trafalgar Square, dans la capitale britannique.

Un ballon géant représentant Trump en couche-culotte flottera aussi dans le ciel près du Parlement.

«Cette protestation n’est pas anti-américaine, loin de là. La plupart de ceux qui défileront vendredi aiment les Etats-Unis, comme moi», a indiqué le maire de Londres, Sadiq Khan, qui a autorisé le déploiement du ballon.

«Mais avoir une relation spéciale signifie que nous attendons l’un de l’autre les valeurs les plus élevées, et cela implique aussi de dire quand les valeurs qui nous sont chères sont menacées», a ajouté l’élu travailliste.

Interrogé sur ces manifestations avant son départ à Londres, le président a rétorqué que les Britanniques »(l)’aiment beaucoup». Mais selon un sondage YouGov publié jeudi, 77% des Britanniques ont une opinion défavorable du dirigeant et 49% pensent que la reine Elizabeth II ne devrait pas le recevoir vendredi après-midi au château de Windsor pour prendre le thé.

– Embarras –

Avant cela, le président visitera dans la matinée la prestigieuse académie royale militaire de Sandhurst avec Theresa May avant des discussions bilatérales à Chequers, la résidence de campagne des Premiers ministres britanniques, à 70 km au nord-ouest de Londres.

Outre le commerce, les échanges porteront sur le Brexit, la Russie et le Proche-Orient.

Autre coup de griffe à Theresa May, Donald Trump n’a pas exclu de rencontrer un ministre démissionnaire, son «ami» Boris Johnson, en désaccord avec la Première ministre sur le Brexit. Ce qui pourrait la mettre dans l’embarras alors qu’elle tente de réaffirmer son autorité sur son parti conservateur très divisé.

Après cette visite officielle, le couple présidentiel passera le week-end en privé en Écosse, où M. Trump possède deux golfs, avant un sommet bilatéral historique avec le président russe Vladimir Poutine, lundi à Helsinki.

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