Le pape dénonce les « murs invisibles » qui « marginalisent, séparent et isolent »

Le pape François a dénoncé les "murs invisibles" qui "marginalisent, séparent et isolent" les gens, au cours d’une visite dans une prison pour mineurs du Panama à l’occasion des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) placées vendredi sous le signe de la charité, au lendemain d’une séquence plus "politique".

"Avec la vie des gens, il semble plus facile de mettre des pancartes et des étiquettes qui figent et stigmatisent, non seulement le passé mais aussi le présent et l’avenir des personnes. Etiquettes qui, en définitive, ne font que diviser : ici il y a les bons et là-bas les mauvais; ici les justes et là-bas les pécheurs", a déclaré François devant les jeunes détenus du centre de Pacora, à une quarantaine de kilomètres de la capitale panaméenne.

"Cette attitude pollue tout parce qu’elle élève un mur invisible qui laisse croire qu’en marginalisant, en séparant, ou en isolant, se régleront magiquement tous les problèmes", a-t-il poursuivi.

Peu avant, un des détenus qui "se voit dans une vie future être chef cuisinier", a raconté à François son parcours spirituel depuis son arrestation en 2016. "Je vous remercie de prendre le temps d’écouter un jeune privé de liberté comme moi, il n’y a pas de mots pour décrire la liberté que je ressens en ce moment. Merci pour ça", a-t-il dit au pape.

À l’occasion de ce rendez-vous mondial de la jeunesse catholique, qui se déroule jusqu’à dimanche au Panama, François a tenu à consacrer un moment à de jeunes marginaux.

Il a confessé certains de ces détenus, qui, de leur côté, devaient lui offrir leurs peintures.

Arrivé en papamobile, Jorge Bergoglio est reparti en hélicoptère un peu plus d’une heure après.

La veille, au cours d’une journée nettement plus "politique", le souverain pontife avait appelé à éviter d’infliger d’"autres souffrances" aux Vénézuéliens, après le brusque regain des tensions à Caracas, et avait incité l’Église à aider les fidèles à "dépasser les peurs et les méfiances" vis-à-vis des migrants latino-américains.

Le Venezuela vit une des plus graves crises politiques de son histoire, avec deux hommes qui se disputent la présidence. Le chef de l’État Nicolas Maduro, qui a reçu le soutien de l’armée vénézuélienne, accuse les États-Unis de pousser l’opposant Juan Guaido, qui s’est autoproclamé président, à perpétrer un "coup d’État". Depuis le début de la semaine, on y dénombre 26 morts, selon des ONG, et plus de 350 arrestations, selon l’ONU.

"Quel fléau !"

Outre les crises politiques, comme au Venezuela et au Nicaragua, et les pénuries alimentaires, d’autres "fléaux" poussent aussi des milliers de personnes à fuir leur pays, dont les féminicides (meurtre d’une femme motivé par le fait qu’elle est une femme) particulièrement nombreux en Amérique latine, a dénoncé François.

"Violence domestique, féminicides ? quel fléau vit notre continent à ce sujet ! ?, bandes armées et criminelles, trafic de drogue, exploitation sexuelle de mineurs et de non-mineurs", a énuméré le pape argentin devant les évêques d’Amérique centrale réunis autour de lui.

Aux migrants en quête d’une vie meilleure, l’Église peut offrir une "hospitalité fraternelle", a relevé François. "Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer" sont les maîtres-mots proposés par le pape aux catholiques pour améliorer le sort des migrants.

Ces derniers mois, les images des caravanes de milliers de migrants centraméricains marchant désespérément vers les États-Unis ont marqué les esprits et provoqué la colère de Donald Trump.

Auparavant, dans son premier discours au Panama, François, qui y est arrivé mercredi, avait fustigé devant les autorités de ce pays d’Amérique centrale "toute forme de corruption" en politique, au moment où plusieurs scandales financiers éclaboussent des dirigeants sur le continent latino-américain.

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