Le Maroc et la Belgique ont beaucoup à gagner d’une coopération soutenue et efficace (Didier Reynders)

Le Maroc et la Belgique ont beaucoup à gagner d’une coopération soutenue et efficace dans de nombreux domaines, a affirmé M. Didier Reynders, vice-premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères dans une interview à la MAP.

M. Reynders, qui effectue une visite de travail au Maroc à partir de ce mercredi, a souligné que les relations entre les deux royaumes sont excellentes, notant que le Maroc «compte indéniablement parmi nos partenaires les plus importants ».

Il a relevé que « bien que l’accent soit parfois mis par les médias sur la coopération sécuritaire du fait de la menace terroriste qui frappe nos deux pays, nos relations revêtent avant tout une dimension humaine tout à fait particulière étant donné l’importance de la communauté d’origine marocaine en Belgique ».

« Des relations intenses sont entretenues à tous les niveaux au travers de visites politiques régulières et d’échanges entre opérateurs économiques », a-t-il dit, annonçant que l’année 2018 connaîtra de nombreux évènements marquants comme la grande mission économique qui sera menée au Maroc et l’année « Maroc » de la communauté française de Belgique (Wallonie-Bruxelles), qui sera marquée par des événements culturels et autres.

Au sujet des relations commerciales, le vice-premier ministre belge a souligné que le Maroc et la Belgique sont des partenaires importants sur ce plan, la Belgique étant le 8ième fournisseur du Maroc et son 9ième client.

« Bien qu’on puisse se réjouir du fait que les chiffres sont en croissance, il existe encore un potentiel appréciable à exploiter », a-t-il noté.

M. Reynders a souligné à cet égard que «la position du Maroc en tant que porte d’entrée en Afrique, encore renforcée par son rapprochement à la CEDEAO, intéresse les entreprises belges, tout comme la position stratégique de la Belgique au cœur de l’Europe offre des opportunités aux entreprises marocaines ».

Il a indiqué que des entreprises belges participent déjà au développement de villes portuaires marocaines, faisant remarquer que les possibilités croissantes du marché marocain se manifestent aussi dans de nombreux autres secteurs dans lesquels des entreprises jouissent d’une expertise reconnue, tels l’énergie renouvelable, la gestion des eaux usées, la digitalisation, ou encore le secteur médical.

«Je pense que nous devons encourager les partenariats économiques mutuellement bénéfiques entre groupes marocains et belges, ainsi que les coopérations triangulaires avec d’autres partenaires africains », a-t-il estimé.

Le ministre belge a rappelé que de « bonnes relations existent entre nos autorités dans le domaine de la justice et de la sécurité : lutte contre la grande criminalité, le terrorisme, la migration », notant qu’une bonne coopération policière et entre services de renseignements « est essentielle pour relever nos défis sécuritaires communs ».

M. Reynders a souligné que les deux pays «partagent aussi une volonté commune d’agir en faveur de la paix et de la stabilité, en particulier sur le continent africain ».

«Que ce soit en Libye, dans la région du Sahel ou en Afrique subsaharienne, ce ne sont pas les défis qui manquent et nos deux pays partagent beaucoup d’inquiétudes », a affirmé M. Reynders, ajoutant que «la Belgique se félicite d’ailleurs de l’élan donné par SM le Roi à la politique africaine du Maroc, son retour à l’Union africaine, moment clé pour l’institution et le continent ».

Répondant à une question sur la possibilité pour la Belgique de tirer profit d’une coopération triangulaire avec l’Afrique à travers le Maroc, le ministre belge a noté que « l’implantation du Maroc en Afrique et la connaissance de terrain des opérateurs marocains en font d’excellents et parfois même indispensables partenaires sur les marchés africains. Mais cette coopération dite triangulaire peut également être de nature plus politique ».

Il a précisé que « l’influence grandissante du Maroc en Afrique, et en particulier celle de SM le Roi Mohammed VI sur ses pairs africains, est un facteur reconnu, notamment auprès de dirigeants européens. Dans beaucoup de dossiers nos vues convergent, ce qui donne tout son sens à l’approche triangulaire», a-t-il affirmé.

Le ministre belge a, de même, souligné «le leadership » du Roi Mohammed VI s’agissant de la question migratoire.

Évoquant par ailleurs le modèle marocain de religiosité, M. Reynders a affirmé que « la façon dont l’islam est vécu et enseigné au Maroc a un impact certain dans notre pays vu la grande proportion de citoyens d’origine marocaine que compte la communauté musulmane de Belgique ».

«L’Islam marocain est donc source d’intérêt pour nous », a dit le ministre belge, ajoutant que son pays « apprécie à leur juste valeur les enseignements et réponses de l’Islam marocain face aux défis que nous partageons, notamment la lutte contre les mauvaises interprétations de la religion, avec toutes les dérives que cela comporte, en particulier au sein des jeunes ».

« Beaucoup en occident ne se rendent pas compte, ou seulement récemment, que le monde musulman, notamment en Afrique du Nord, a été confronté bien avant nous aux méfaits de la radicalisation religieuse islamiste, et a donc développé bien avant nous une expertise pour y faire face », a indiqué M. Reynders, précisant qu’il aura l’occasion pendant son séjour au Maroc de s’arrêter sur l’expérience marocaine en matière de deradicalisation.

«Tant la Belgique que le Maroc doivent faire face à des interprétations de la religion qui, sans être violentes en soi, préparent le terrain au radicalisme comme c’est le cas de certains courants susceptibles de créer un terreau fertile pour la radicalisation », a souligné M. Reynders.

Et de conclure que « coopérer dans la transparence sur ces sujets fait partie de notre partenariat ».

Propos recueillis par Adil Zaari Jabiri

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