Le CFCM dénonce les « allégations du président de la Fondation de l’Islam de France concernant la soi-disant responsabilité de feu le Roi Hassan II » dans l’affaire du foulard de Creil

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a dénoncé mercredi les "allégations du président de la Fondation de l’Islam de France concernant la soi-disant responsabilité de feu le Roi Hassan II" dans l’affaire des lycéennes qui portaient le foulard à Creil.

"Le CFCM tient à rappeler que le Roi Hassan II était intervenu "personnellement et en tant que père de famille" pour que les jeunes filles enlèvent leur foulard et reprennent le chemin de l’école, contribuant ainsi au dénouement positif de la crise, a tenu à souligner le CFCM dans un communiqué parvenu à Atlasinfo.

Le CFCM rappelle par ailleurs que le port du foulard par les femmes couvrant leurs cheveux, est une "prescription du Coran", indiquant toutefois que le CFCM "soutient avec force les musulmanes qui vivent leur foi sans se couvrir les cheveux. Il les assure de son total respect."

"Le CFCM se fera un devoir de combattre toutes les formes de stigmatisation contre nos rites et nos pratiques", a souligné le communiqué, ajoutant que le CFCM rappelle que les musulmans de France ont toujours respecté les lois de la République.

Lors de la présentation des voeux de la Fondation le 31 janvier, M. Ghaleb Bencheikh, Interrogé sur sa position sur le voile, a répondu : « (…) J’ai toujours pensé, je ne l’ai jamais caché depuis l’histoire des fillettes à peine nubiles qu’on a emmitouflé à Creil sous prétexte que le Commandeur des croyants au Maroc dit qu’il faut respecter le voile, alors qu’aucune femme de sa famille n’est voilée. Et ça a commencé comme ça (…) ».

L’affaire du foulard remonte à 4 octobre 1989 quand le proviseur du collège Gabriel-Havez à Creil, dans l’Oise, décide d’exclure trois jeunes filles qui refusent d’ôter leur fichu en classe. L’affaire s’enflamme et des dizaines de journalistes débarquent devant l’établissement pour interroger les collégiennes. La polémique enfle à tel point qu’il a fallu l’intervention du Maroc pour y mettre un terme.

Et c’est en effet feu le Roi Hassan II qui a fait demander « personnellement et en tant que père de famille », par l’intermédiaire de l’ambassadeur du Maroc en France, aux jeunes filles d’enlever leur foulard et de reprendre le chemin de l’école, mettant fin à une longue crise devenue une affaire d’Etat.

Dans une déclaration dimanche dernier à Atlasinfo, M. Bencheikh a exprimé des regrets, invoquant une "méprise" et une "ellipse involontaire" .

Pour plusieurs institutions du culte musulman de France (Grandes mosquées de Saint-Etienne et d’Evry Courcouronnes, UMF Région Île de France, Union des Mosquées de France), ces explications sont "loin d’être suffisantes pour expliquer un tel dérapage".

"L’honnêteté intellectuelle exige de faire publiquement amende honorable", a indiqué l’Union des mosquées de France (UMF) dans un communiqué.

"Pour les millions de personnes qu’il a offensés, nous exigeons du président de la Fondation de l’islam de France des excuses officielles", a insisté l’UMF qui demande que "La réalité des faits historiques et la vérité sur le rôle de Feu SM le roi Hassan II dans le dénouement de cette affaire doivent être rétablis."

Selon l’UMF, "Il est consternant et fort regrettable de constater qu’à l’occasion de sa première sortie officielle, le président de la FIF n’a respecté ni les obligations liées à sa fonction ni ses propres engagements."

"Ce dérapage choquant et malvenu est en rupture manifeste avec les engagements du nouveau président de la FIF qui a déclaré : "Si j’ai une ligne de conduite, c’est que je ne serai jamais un homme par qui la polémique viendra. C’est une position éthique avant tout et, j’ose croire, responsable", a déploré l’UMF.

"Ce n’est ni éthique ni responsable de porter atteinte à la mémoire d’un Chef d’Etat qui a pris ses responsabilités « en tant que père de famille » en demandant aux jeunes filles d’enlever leur foulard, de reprendre leur scolarité et de mettre fin à une affaire qui n’avait que trop duré", s’est émue l’UMF.

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