Interview de Macron : droite et gauche dénoncent une mise en scène

Chez les Républicains comme chez les socialistes, l’interview d’Emmanuel Macron dimanche n’a pas permis d’apporter des solutions à la colère des Français.

L’interview d’Emmanuel Macron face à Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel fait couler beaucoup d’encre ce lundi matin dans la presse, mais pas que. Sur la scène politique, à droite comme à gauche, les réactions sont nombreuses. Du côté des Républicains, on déplore le fond et la forme, soit l’absence d’annonces concrètes et de réponses aux problèmes des Français ainsi qu’un entretien combat de « catch » qui, estime le parti, « affaiblit la fonction présidentielle ». Emmanuel Macron « a maintenu son cap » dimanche sur BFM TV/RMC et Mediapart et est apparu comme « le président des injustices », « déconnecté des réalités, qui n’a pas mesuré encore cette colère sociale et populaire », a critiqué Damien Abad, un des vice-présidents du parti, sur CNews.

Sur la forme, « il a été parfois confus », a « manqué de hauteur par rapport à la fonction présidentielle ». « Les Français n’attendaient pas qu’il fasse un match de boxe ou un match de catch. On attend d’un président de la République qu’il fixe des orientations », a-t-il poursuivi. Sur le fond, « ça n’a rien changé et surtout il n’y a eu quasiment aucune annonce, aucune mesure concrète » en deux interviews. Le premier entretien d’Emmanuel Macron avait eu lieu jeudi, face à Jean-Pierre Pernaut. Une des porte-parole des Républicains, Laurence Sailliet, a déclaré sur RFI avoir eu « l’impression d’assister à une comédie politique avec toute une mise en scène ». « Si je ne m’abuse, c’est le président de la République qui a choisi la forme, car ça l’amuse, il a essayé de faire différents formats, c’est un jeu de rôles, un jeu de communication, on ne va pas l’en plaindre », a-t-elle remarqué, interrogée sur le ton de l’interview de dimanche soir, musclé.

Miser sur la forme, pas sur le fond

Elle a noté qu’« on vous parle comme vous vous laissez parler ». « Il a voulu jouer ce jeu de catch américanisé, il a choisi les journalistes, il connaît le franc-parler des uns et des autres, donc il s’est mis dans cette situation », a-t-elle ajouté. « C’est un moyen aussi pour lui de privilégier la forme et pas le fond et c’est bien là le problème, le fond de la politique qu’il mène. » Au final, « les Français n’ont pas obtenu de réponses, rien n’a changé sur le pouvoir d’achat, rien n’a changé dans la lutte contre l’immigration », a-t-elle dénoncé. Sur RTL, le sénateur LR Bruno Retailleau a estimé que l’entretien de dimanche « était une émission pour des spécialistes, pour des journalistes. Je ne sais pas ce que les Français auront retenu, je ne sais pas si pendant les 2 h 40 ils sont restés devant leur téléviseur », a-t-il ajouté.

À gauche, la prestation d’Emmanuel Macron n’a pas non plus séduit. Le premier secrétaire national du Parti socialiste Olivier Faure a dénoncé lundi « le choix d’une mise en scène », jugeant que l’exercice n’avait « pas permis de réparer le dialogue interrompu avec les Français ». « C’était le choix d’une mise en scène, une mise en scène choisie à la fois par ceux qui interviewaient, mais aussi par celui qui était interviewé », a jugé Olivier Faure sur France Inter. Selon lui, le chef de l’État a fait le choix « d’une mise en scène de son propre pouvoir ». « Depuis le début du quinquennat, Emmanuel Macron cherche à se poser comme une espèce de grand centre face à des pôles de radicalité qui lui permettent d’asseoir son autorité sur l’ensemble des modérés. »

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