Hépatite C : la France autorise un premier médicament en pharmacie

Un médicament innovant antiviral, le Maviret, a été officiellement autorisé jeudi en France à l’hôpital. Et pour la première fois en pharmacie.

Le Maviret va-t-il révolutionner le traitement de l’hépatite C ? Jeudi, ce nouveau médicament antiviral à action directe contre cette hépatite a reçu une autorisation officielle pour une utilisation en hôpital. Mais aussi et surtout, pour la toute première fois en France, il a été autorisé en pharmacie, ce qui devrait permettre une simplification de la prise en charge de cette maladie. Ce médicament développé et commercialisé par le laboratoire américain AbbVie sera vendu à un prix public de 28 000 euros par patient sans cirrhose du foie, pour un traitement limité à 8 semaines, d’après une publication au Journal officiel.

Soignant les six formes du virus de l’hépatite C, avec une prise quotidienne par voie orale, Maviret est le premier antiviral à action directe contre cette maladie chronique à être autorisé à la vente à la fois en pharmacie et à l’hôpital, souligne AbbVie dans un communiqué. Sa mise à disposition dans les officines, sur prescription d’un médecin spécialiste, est « un pas décisif », selon Pierre-Claude Fumoleau, président d’AbbVie France, cité dans le communiqué. Car « une des causes de non-observance des patients est l’éloignement de l’hôpital, c’est pourquoi il est important que ces médicaments soient disponibles en officine de ville » a précisé le Dr. Marc Bourlière, hépatologue à Marseille, cité dans le communiqué.

Lever les barrières pour traiter la maladie

L’arrivée à partir de fin 2013 de nouveaux médicaments capables de guérir l’hépatite C chronique, le Sovaldi du laboratoire Gilead puis ses successeurs Harvoni et Epclusa, avait déclenché une vive polémique en raison de leurs coûts jugés exorbitants pour la sécurité sociale : plus de 40 000 euros par patient. En raison de ce prix élevé, le gouvernement français les avait d’abord réservés aux personnes les plus gravement atteintes, au grand dam de nombreuses associations de médecins et de patients. Un accès « universel » à ces traitements avait ensuite été décidé en 2016 par le ministère de la Santé, misant sur l’arrivée de médicaments concurrents pour faire baisser les prix, y compris ceux de Gilead.

En mars 2017, un accord avait fini par être conclu entre les autorités françaises et Gilead pour obtenir des prix inférieurs à 28 700 euros par patient sur ces traitements, en phase avec les prix négociés pour des produits concurrents qui venaient d’arriver, le Zepatier du laboratoire MSD (Merck and Co) et la combinaison Viekirax/Exviera d’AbbVie. Environ 130 000 adultes restent infectés par le virus de l’hépatite C en France métropolitaine et environ 75 000 d’entre eux ignoreraient qu’ils le sont, selon des estimations citées par la Haute Autorité de santé (HAS) fin 2017. Si elle est potentiellement sévère et mortelle, cette maladie évolue en effet de façon silencieuse pendant de nombreuses années, sans signes ni symptômes spécifiques.

D’où l’importance de « lever les barrières », car c’est en simplifiant le parcours de soins que l’on arrivera « à dépister et traiter cette maladie » jusqu’à son élimination, rappelle à l’AFP le professeur Christophe Bureau, secrétaire général de la société française d’hépatologie (Afef). D’autres restrictions mériteraient d’être levées, comme l’ordonnance obligatoire par un médecin spécialiste (gastroentérologue ou infectiologue), recommande Christophe Bureau, soulignant qu’en Australie les médecins généralistes peuvent déjà prescrire de tels médicaments. À terme, d’autres laboratoires pourraient aussi voir leurs produits anti-hépatite C autorisés à la vente en officine, « quand ils auront de nouveau accepté de baisser leurs prix », juge Christophe Bureau.

Avec afp

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