Au Maroc, les responsables politiques se préparent à une rentrée politique mouvementée

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Au Maroc, c’est une rentrée politique sous haute tension qui se prépare. Saadeddine El Othmani, chef de gouvernement, le sait. Sa majorité gouvernementale que composent six partis est plus que jamais fragilisée. Dans son entourage, on dit d’ailleurs le premier ministre préoccupé par une énième crise gouvernementale. L’été a commencé avec une campagne de boycott de trois grandes marques. Il s’achève avec une majorité au pouvoir fissurée, prête à s’écrouler.

Depuis que le PPS, la formation politique des anciens communistes, a perdu le maroquin de l’eau sans même en avoir été avisé au préalable –un secrétariat d’Etat qui a tout bonnement disparu de l’architecture gouvernementale- la question du retrait de ce parti de la coalition au pouvoir est sérieusement posée. Quelques mois seulement avant la suppression de ce poste ministériel occupé par une militante du PPS, le secrétaire général du parti, alors ministre de l’Habitat et de la politique de la ville ainsi que le ministre de la Santé, avaient été limogés par le roi Mohammed VI.

Le 22 septembre prochain le parti de Nabil Benbadallah réunit son comité central, seule instance habilitée à décider du retrait ou pas de l’Exécutif dirigé par El Othmani. L’éventualité d’une majorité formée de cinq partis au lieu de six est fortement envisagée. En tout cas, certains s’y préparent déjà en pariant sur une redistribution de cartes. Faut-il donc s’attendre à un remaniement ministériel ? « Bien malin est celui qui y répondra, le remaniement étant comme la dévaluation, on ne le sait que lorsqu’elle se produit », répond mi-sérieux mi –amusé un fin connaisseur des arcanes politiques marocaines.

La fin de la saison estivale a été bien mouvementée pour l’islamiste Saadeddine El Othmani qui a toujours du mal à succéder à Abdelilah Benkirane, l’ancien chef de gouvernement au populisme bien trempé.

Après avoir perdu son ministre de l’économie et des finances, le RNIste Mohamed Boussaïd, contraint de rendre son tablier après des rapports accablants de la Banque centrale et de la Cour des comptes, le premier ministre semble ne plus maîtriser ni ses troupes ni la cohérence de son équipe de ministres. Signe qui ne trompe pas et il a été le premier à l’admettre : le chef de gouvernement s’est contenté de transmettre au cabinet royal le nom proposé par le Rassemblement national des indépendants pour occuper le poste d’Argentier du Royaume.

« On attend d’un chef de gouvernement plus d’implication et plus de poigne. Il est le premier responsable de la cohésion du gouvernement. Pourquoi accepte-t-il de jouer le rôle de facteur sans avoir son mot à dire sur les profils proposés par ses partenaires de la majorité ? », se demande ce député de l’opposition avant de rappeler l’épisode Lahcen Daoudi, ce ministre démissionnaire mais toujours en poste sans que la moindre explication ne soit fournie à l’opinion publique marocaine..

Si le gouvernement a profité d’une courte trêve estivale et que tous les ministres ont repris le chemin de leurs départements, la rentrée politique risque de mettre bien des pendules à l’heure.

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