Au Maroc, la musique de rue peut conduire en prison !

Narjis Rerhaye (A Rabat)

Ils sont libres. Enfin ! Deux musiciens de rue, Badr Mouataz et Mehdi Achataoui, arrêtés à Casablanca et derrière les barreaux depuis le 13 novembre dernier ont quitté leur prison. Ainsi en a décidé le juge devant lequel les musiciens ont été présentés le jeudi 22 novembre après que la plainte déposée contre ait été retirée. Ils ne sont pas prêts d’oublier ce mauvais rêve.

Tout a commencé le 13 novembre. Deux jeunes musiciens, connus dans les rues de Casablanca, jouent comme à leur habitude sur l’avenue Mohammed V. Des musiciens de rue, comme on en voit dans toutes les grandes villes du monde, que les Casablancais ont appris à connaître et surtout apprécier. Un agent d’autorité –un mokkadem- passe par là. Il a l’idée saugrenue de vouloir confisquer les instruments de musique du duo. Les musiciens ne veulent pas se laisser faire. On ne confisque pas l’art au nom du bon vouloir d’un détenteur d’autorité. une vive altercation oppose les trois protagonistes de ce mauvais feuilleton. L’autorité est la plus forte : arrestation du duo de musiciens, plainte du mokkadem, prison.

Aussitôt la nouvelle de l’emprisonnement des artistes de rue connue, la Toile se mobilise. Les internautes marocains ne décolèrent pas et organisent la résistance. Un hashtag #Free_Lfen a été créé dans la foulée, circulant sur Facebook et Twitter pour que les deux musiciens soient libérés. Pas question que la musique soit considérée comme une nuisance sonore. Pas question non plus d’interdire l’art qui investit la rue. L’affaire est très vite médiatisée.

L’avocat Youssef Chehbi, connu dans les milieux des droits humains, prend le relais juridique pour défendre la cause devant le tribunal. Sa ligne de défense coule de source : des artistes de rue se produisent au quotidien à Paris, Madrid, New York ou Istanbul. “Il n’est pas normal que dans le Maroc moderne, on interdise à des jeunes de se produire dans la rue”, a déclaré l’homme à la robe noire à nos confrères du HuffPost Maroc.

Le dénouement s’est donc joué jeudi soir. Badr et Mehdi sont sortis de prison. Ils ont eu droit à un sursis et à un casier judiciaire toujours vierge. Et surtout à l’enseignement amer selon lequel la musique n’adoucit pas toujours les mœurs.

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