Algérie : le climat des affaires dans le pays demeure décourageant

Ce n’est pas un hasard si l’Algérie n’avait jamais produit de véhicule pour particulier jusqu’à la sortie, lundi, d’une première Renault de l’usine d’Oran. L’Algérie dispose en effet d’une industrie indigne de sa taille et souffrant de sous investissement. Renault a ainsi investi seulement 50 millions d’euros pour une capacité de production de 75.000 véhicules par an, contre 1,1 milliard d’euros dans son usine de Tanger, d’une capacité cinq fois supérieure ! Le Maroc attire davantage d’investissements étrangers que l’Algérie, pourtant dotée de ressources financières importantes grâce au gaz.

C’est précisément l’abondance de gaz qui explique en partie la faiblesse de l’industrie locale, via le syndrome néerlandais, selon lequel la rente en hydrocarbures constitue un cadeau empoisonné. Les recettes d’exportation contribuent à une surévaluation de la monnaie, réduisant d’autant la compétitivité des autres secteurs économiques, qui sont en outre « cannibalisés » par l’accaparement des ressources financières et humaines du secteur énergétique. « L’industrie ne représente plus que 4 % du PIB. Les matières premières locales du textile sont plus chères que les vêtements chinois importés », explique Mourad Preure, patron du cabinet de conseil Emergy.
Clientélisme et paix sociale

Fort de recettes évaluées à 700 milliards de dollars depuis le début du siècle, l’Etat algérien s’est structuré autour de la redistribution de la rente, au prix des mécanismes habituels de clientélisme et achat de la paix sociale à coups d’allocations. Malgré la multiplication de plans de diversification et d’aide à l’essor de l’industrie légère, le gaz contribue toujours à hauteur des deux tiers des recettes en devises. S’y ajoutent les séquelles d’un régime longtemps fondé sur le parti unique et où l’Etat de droit est encore très perfectible. Enfin, la règle 49-51, qui interdit le contrôle majoritaire d’une entreprise algérienne par un opérateur étranger, dissuade fortement l’investissement. Il est d’ailleurs question de l’abroger bientôt.

Pour autant, les succès d’entrepreneurs algériens abondent dans les services et l’import-export, à condition d’être très patient face à une bureaucratie omniprésente et corrompue. Certains, comme Slim Othmani, président du think tank Care et patron du groupe de jus de fruits NCA Rouiba, se font fort de réussir sans « graisser des pattes ». Mais c’est illusoire dès qu’il faut obtenir l’un des nombreux permis ou autorisations indispensables, ou remporter des marchés publics.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite