SwissLeaks: le secret bancaire suisse dévoilé

Selon une enquête publiée lundi par Le Monde, baptisée SwissLeaks, le journal dévoile des fichiers de la banque HSBC Suisse, dont le siège est à Genève, et volés en 2007 par l’ancien informaticien franco-italien Hervé Falciani.

Le Monde a eu accès, par un informateur secret, à ces fichiers, donnant des informations sur plus de 106.000 clients de la banque suisse, provenant d’environ 200 pays.

Le Monde a confié au réseau du Consortium international des journalistes d’investigations (ICIJ) ces données, qui ont été analysées par plus de 140 journalistes issus d’une cinquantaine de médias.

En Suisse, les journaux "L’Hebdo", "Le Temps", "Le Matin Dimanche", le "Tages-Anzeiger" et la "SonntagsZeitung" ont participé à SwissLeaks.

Concrètement, selon Le Monde, entre le 9 novembre 2006 et le 31 mars 2007, quelque 180,6 milliards d’euros ont transité sur des comptes d’HSBC à Genève, dissimulés, entre autres, derrière des structures offshore au Panama et dans les îles Vierges britanniques.

Les fichiers contiennent des informations personnelles sur les clients, les notes des banquiers, et les mouvements de compte.

Dans ces fichiers figurent les noms de Saoudiens, soupçonnés d’avoir financé Oussama Ben Laden dans les années 2000, de barons de la drogue, de trafiquants d’armes et de diamantaires véreux.

Selon HSBC Suisse, une nouvelle direction, mise en place après l’affaire du vol de données en 2007, "a procédé à un examen en profondeur des affaires, ce qui inclut des fermetures de comptes de clients qui ne correspondaient pas aux normes élevées de la banque, et la mise en place d’un système très poussé de contrôle interne".

La banque affirme avoir fait le ménage dans sa clientèle, et que les comptes gérés ne sont plus que 10.000, contre 30.000 il y a huit ans.

Les avoirs gérés par la banque ont aussi fondu, passant de 118 milliards de dollars à 68 milliards fin 2014.

Les noms des clients reproduits lundi dans la presse sont notamment ceux de vedettes du show-business, et de chefs d’entreprise ou de leurs héritiers. Les noms rois du Maroc Mohammed VI et de Jordanie Abdallah II y figurent également.

Ces noms n’étaient connus jusqu’à présent que par la justice et quelques administrations fiscales, même si certains éléments avaient déjà filtré dans les médias.

En France, l’humoriste Gad Elmaleh est cité, pour avoir disposé d’un compte faiblement approvisionné à Genève, avec un peu plus de 80.000 euros entre 2006 et 2007. Selon les informations du Monde, il a régularisé sa situation auprès du fisc français.

Parmi les noms mentionnés dans les différents médias figurent notamment ceux des rois respectivement du Maroc Mohammed VI et de Jordanie Abdallah II.

Le journal suisse Le Temps met l’accent sur les personnalités politiquement exposées, évoquant entre autres Rami Makhlouf, cousin du président syrien Bachar al-Assad.

"HSBC Private Bank (Suisse) a continué d’offrir des services à des clients qui avaient été cités défavorablement par les Nations unies, dans des documents légaux et dans les médias pour leurs liens avec le trafic d’armes, les diamants de guerre ou la corruption", fustige de son côté le Consortium des journalistes d’investigation (Icij).

Le secret bancaire en Suisse s’est réduit comme peau de chagrin ces dernières années, la pression sur les banques helvétiques s’étant fortement accrue, avec l’intensification par de nombreux gouvernements de la chasse à l’évasion fiscale.

Une réunion du G20 a lieu lundi et mardi à Istanbul où se retrouvent des ministres des Finances et des dirigeants de banques centrales. Le G20 a fait de la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscales un de ses chevaux de batailles.

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