Oui à l’indignation, non à l’instrumentalisation

Par Hasna Daoudi

L’émotion et la vague d’indignation après la mort tragique de Mouhcine Fikri, vendredi dernier à Al Hoceima, sont légitimes et salutaires. Les circonstances dans lesquelles a péri ce marchand de poissons sont effroyables et humainement insupportables.

Que le Maroc manifeste dans le calme contre la mort de Mouhcine Fikri, broyé par une benne à ordures alors qu’il tentait de s’opposer à la destruction de sa marchandise, dénote le degré de maturité de la société civile marocaine. Cette mobilisation traduit aussi cet incroyable esprit de solidarité et de rejet de la "Hogra", un mot qui résume le mépris et un sentiment d’injustice.

Mais force est de constater que dans cette indignation spontanée, des voix et des comportements empruntent des chemins obscurs visant à semer la zizanie et la division. L’instrumentalisation de la mort odieuse d’un citoyen et la douleur d’une famille et de tout un peuple s’apparente bel et bien à une récupération dénuée de toute compassion. Seuls l’opportunisme et le cynisme la guident.

Mouhcine Fikri était jeune. Il nourrissait sûrement l’espoir d’une vie meilleure. La faute à qui ? Seule une enquête approfondie, comme l’a exigé le roi, peut déterminer la chaîne des responsabilités. Le souverain a également demandé qu’une « application rigoureuse de la loi à tous pour servir d’exemple à toute personne qui aurait failli ou manqué à ses missions et responsabilités".

Dans son discours devant le Parlement le 14 octobre 2016, Mohammed VI avait d’ailleurs pointé du doigt la prévarication, le manque de compétence et l’absence du sens des responsabilités chez de nombreux fonctionnaires

Dans l’affaire Mouhcine Fikri, les questions se bousculent : Qui a pris la décision de saisir la marchandise après l’interception du véhicule du défunt avec à bord une quantité importante d’espadon ? Comment une espèce interdite à la pêche est-elle vendue au port d’Al Hoceimma ? Qui a pris la décision de détruire la marchandise sur la voie publique ? Qui a actionné le bouton marche de la benne à ordures ? etc …

C’est à toutes ces questions et à bien d’autres que « l’enquête du procureur doit répondre», comme l’a expliqué dimanche soir le ministre de l’intérieur, Mohamed Hassad.

En attendant, le père de feu Mouhcine Fikri a appelé au calme et au respect de la mémoire de son fils, et a dénoncé toute forme de récupération et manipulation de la vérité de la part de ceux qui veulent semer la fitna.

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