Nicolas Sarkozy compte sur le G20 pour marquer des points

Nicolas Sarkozy compte sur le G20 pour marquer des points
Nicolas Sarkozy aura dès l’automne l’occasion de s’évader des difficultés intérieures grâce à sa présidence du G20, sur laquelle il mise pour marquer des points dans la perspective de sa réélection en 2012.

Les "affaires" qui ont éclaboussé plusieurs de ses ministres, la défiance de l’opinion et les manifestations massives contre la réforme des retraites sont autant d’épines dans le pied du chef de l’Etat sur le front national.

Le président espère donc retrouver sur la scène internationale l’aura gagnée en 2008 lors d’une présidence de l’Union européenne généralement saluée comme une réussite.

Céline Bracq, directrice-adjointe de l’institut de sondages BVA, rappelle que l’action du président français a été saluée par les Français lorsqu’il s’est investi en 2008 et 2009 dans la gestion internationale de la crise financière au sein du G20 alors même qu’il était au plus bas dans les enquêtes d’opinion.

"Les Français étaient en majorité d’accord pour dire qu’il est un bon capitaine dans la tempête", explique-t-elle en notant qu’il a un avantage sur ses concurrents de l’opposition dans la course à l’Elysée, celui d’être aux affaires.

Si Sarkozy arrive à relier ces problématiques internationales aux problèmes français, il peut vraiment réussir un coup gagnant", dit-elle. "La stature internationale est importante au moment où les Français élisent leur président."

Le rendez-vous le plus attendu est la présidence du G8 et du G20, qu’il s’apprête à assumer pendant un an et dont le début est attendu avec une grande impatience à l’Elysée.

"La présidence du G20 commence le 12 novembre à 17h00", explique un de ses proches à la manière d’un prisonnier qui compte les jours dans sa cellule.

UN CHANTIER ÉNORME

Nicolas Sarkozy, premier chef d’Etat à présider à la fois le G8, composé des pays les plus riches, et le G20, qui comprend les pays émergents, se targue d’être l’une des chevilles ouvrières de cette nouvelle organisation qui, avec 85% du PIB mondial, est rapidement devenue un forum incontournable.

Sans le G20, a-t-il estimé le 25 août dernier lors de la Conférence des ambassadeurs de France, il n’y aurait pas eu de régulation des activités des fonds spéculatifs, d’encadrement des bonus ou de première mise au pas des paradis fiscaux.

Mais le président français sait que la tentation existe au sein de ce groupe de gérer les acquis, maintenant que le plus gros de la crise économique et financière est passé.

"Les pays émergents ne connaissent pas la crise, donc ils veulent s’en tenir à ce qui a été fait, et le G20 donne des boutons aux 172 autres pays de la planète", dit un diplomate de haut rang chargé du dossier. "Ça va être une présidence difficile, surtout que Nicolas Sarkozy arrive pour la baston."

Craignant un "enlisement" qui condamnerait "le monde à de nouvelles crises", le président français a délibérément proposé fin août un ordre du jour extrêmement ambitieux pour le G20.

Il veut réformer le système monétaire international pour éviter une volatilité excessive des taux de change, organiser la régulation des marchés de dérivés des matières premières, comme dans le domaine financier, et réformer la gouvernance mondiale.

Les autres membres du G20 ont été surpris par cet ordre du jour qui risque de provoquer d’âpres débats.

"Les partenaires sont encore sous le choc", explique-t-on dans l’entourage du président français. "L’accueil a été plutôt positif, mais le chantier est énorme."

L’agenda international ne se limite pas au G20, même si les autres dossiers sont beaucoup moins susceptibles de jouer un rôle dans la course à l’élection présidentielle.

SOMMET DE L’UPM

Nicolas Sarkozy risque ainsi d’être confronté à une tâche très ardue sur son projet de réforme du Conseil de sécurité de l’Onu où les cinq membres permanents – France, Chine, Russie, Etats-Unis et Royaume-Uni – disposent d’un droit de veto.

Il se rendra à New York le 18 septembre pour un sommet consacré aux moyens de financer le développement des pays pauvres avant l’Assemblée générale annuelle des Nations unies et entend faire sortir cette réforme de l’impasse.

Or, ni les Etats-Unis, qui ne veulent pas diluer leur droit de veto en pensant à des dossiers comme le Proche-Orient ou l’Iran, ni la Chine, qui ne veut pas voir le Japon intégrer le Conseil de sécurité, ni la Russie, qui n’y voit aucun intérêt, n’entendent céder le moindre centimètre de terrain.

"Il y a beaucoup de pays qui préfèrent le statu quo plutôt que de voir leur voisin devenir membre permanent", explique un diplomate d’un des cinq membres permanents.

Nicolas Sarkozy obtiendra donc au mieux une réforme intérimaire avec des membres permanents élus pour cinq ou dix ans en attendant une réforme définitive qui ne se produira sans doute jamais, mais même ce petit pas paraît peu probable.

Il retrouvera le terrain européen le 16 septembre pour un sommet consacré aux relations entre l’Union européenne et les grands pays partenaires, dont la Russie et la Chine.

Il s’agira de préparer le terrain pour le nouveau Service européen d’action extérieure (SEAE) de l’UE, organe créé par le traité de Lisbonne qui comptera à terme quelque 6.000 diplomates issus de la Commission européenne et des Etats membres.

La France a placé ses pions dans ce service puisqu’aux côtés de Catherine Ashton, une Britannique qui dirigera ce service, la machinerie sera pilotée par le diplomate français Pierre Vimont.

"Mais tout reste à faire", explique un de ses responsables.

L’absence de l’Union au sommet israélo-palestinien organisé le 2 septembre dernier pour tenter de relancer les négociations de paix – Barack Obama n’avait pas invité Catherine Ashton – démontre en effet le chemin qui reste à parcourir pour que l’Europe existe sur la scène internationale.

"Ça nous a choqué", confie un proche de Nicolas Sarkozy.

Ce dernier n’entend cependant pas être absent du Proche-Orient puisqu’il a obtenu la convocation fin novembre à Barcelone d’un sommet de l’Union pour la Méditerranée (UPM), où Israéliens et Palestiniens devraient se retrouver.

Si les négociations sous l’égide des Etats-Unis progressent, ce sera "optimal pour l’UPM", dit-on dans son entourage. "Sinon, on tentera de renouer les fils entre les deux parties."

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