Mort de Mouhcine Fikri: Halte à la récupération et aux folles rumeurs

Par Abderrahim Hafidi*

La tragédie d’Al Hoceima qui a coûté la vie à Mohcine Fikri a bouleversé à juste titre la conscience nationale. Les images insupportables de sa mort ont ému les Marocains, et au delà, qui ont vu dans ce drame les germes d’une administration rompue, hélas depuis longtemps, qui fait peu de cas de l’intérêt général. Signe prémonitoire: le discours du Roi Mohammed VI, en ouverture de la nouvelle session parlementaire, dans lequel il avait fustigé le désintérêt de cette administration pour la " chose publique " et dénoncé ses velléités à se servir – plutôt que de servir le citoyen ! En dressant un constat accablant, le Roi a appelé à un changement dans les comportements et une moralisation au service du citoyen.

Mais cette tragédie n’a pas manqué d’être exploitée par des tendances réfractaires et séparatistes dont l’objectif est de déstabiliser le socle d’une société en mutation et qui incarne un modèle de compromis historique. Il a été remarqué dans les manifestions des drapeaux qui portent clairement les signes d’un séparatisme et d’un particularisme culturel étroit et à rebours de la marche de l’histoire la Nation est une et indivisible. Les velléités fractionnistes n’aboutiraient pas à l’éclatement de ce noyau insécable de la marocanité, forgée au terme d’un long travail de maturation et de compromis fécond.

Que vient faire dans la manifestation de soutien à la victime (somme toute légitime tant la nouvelle a soulevé l’indignation) des expressions clairement insurrectionnelles et réfractaires alors que les premiers éléments de l’enquête n’étaient même pas connus ? Qui a lancé ces folles rumeurs sur un supposé ordre qui appelait à "broyer cet homme » alors que l’enregistrement intégral et en direct de la tragédie par un témoin oculaire ne laisse aucun doute: rien de tout cela ! Que vient faire la comparaison saugrenue avec le cas de Mohamed Bouazizi immolé par le feu en 2011 en Tunisie et qui avait déclenché le processus insurrectionnel que l’ont sait !

Contrairement à Bouaziz, pauvre et sans travail fixe, la victime d’Al Hoceima est un négociant qui aurait contourné la vigilance des autorités portuaires pour exfiltrer 500 kg d’Espadon, dont la pêche est interdite de début octobre à fin Novembre selon la loi . Ce marchand de poisons a été rattrapé en ville par des agents d’autorité qui ont saisi la marchandise en toute légalité. C’est la suite de ces événements qui ont abouti à la tragédie qui doit faire l’objet d’une enquête judiciaire la plus rigoureuse comme l’a ordonné le Roi.

A une semaine de la tenue à Marrakech de la plus grande manifestation planétaire qui rassemble les chefs d’Etat et de la société civile planétaire, en l’occurrence la COP 22, ce rendez vous qui va se pencher sur l’état de santé écologique de notre écosystème et les moyens de sauver la planète et laisser à nos générations futures une " terre -partie " saine et vivable, des éléments qui sont venus se greffer sur ce mouvement spontané de contestation nourrissent l’espoir de pouvoir parasiter cette " fête humanitaire " et éclabousser les effort que le Maroc déploie en contribuant à placer le curseur du "bonheur écologique pour tous" au cœur des préoccupations humaines .

Le silence étrange des forces politiques et leur passivité stupéfiante devant ces événements, au sortir d’une campagne électorale pleine de promesses, met à nu leur incapacité chronique à maîtriser les aspirations de "la rue marocaine ! Ainsi le Roi apparaît aujourd’hui, en toute épreuve, le seul garant d’une stabilité politique et d’une capacité à anticiper et rassurer.

*Abderrahim Hafidi est politologue et historien

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite