Mohammed VI à la conquête de l’Afrique de l’Est

La tournée en Afrique de l’Est que le Roi du Maroc Mohammed VI est en entrain d’effectuer éclaire d’un nouveau jour la stratégie marocaine à l’égard des territoires africains. Elle est une première dans ses régions où le Royaume du Maroc n’avait pas l’habitude d’entretenir une présence notoire. Après les pays de l’Afrique de l’Ouest, la diplomatique marocaine cible l’Est avec l’ambition d’y renouveler les mêmes exploits, à savoir la consolidation d’une relation politique stratégique et le déploiement d’une nouvelle aire d’influence.

Par Mustapha Tossa

Cette tournée royale au Rwanda, Tanzanie et l’Ethiopie intervient dans un contexte particulier. Le Maroc vient de formuler une demande pour retrouver sa place au sein de l’Union Africaine qu’il avait quittée en 1984 suite à l’admission du Polisario. Sa proposition fut accueillie avec un large enthousiasme de la part de ses amis africains. Un des enjeux de l’activité diplomatique marocaine est de créer les conditions d’un retour réaliste à cette instance africaine. Cela passera au minimum par le gel de l’appartenance du Polisario à l’Union Africaine.

Pour garantir un retour gagnant en l’Afrique, le Maroc déploie les multiples palettes de son pourvoir d’influence. Cela commence par la qualité de son expertise économique qu’il compte mettre à la disposition de ces pays africains pour booster leur développement. La qualité des hommes d’affaire et des chefs d’entreprises qui font partie de la tournée royale est un indicateur sérieux sur l’importance accordée à l’investissement et la mise en valeur du tissu économique de ces pays.

Cela se poursuit par le rôle spirituel et religieux incarné par Mohammed VI, commandeur des croyants, promoteur d’un Islam de modération et de juste milieu, indispensable aujourd’hui dans certaines contrées africaines qui se laissent séduire par des postures radicales, faisant l’éloge de la violence et du chaos. Le royaume accueille déjà des étudiants africains au sein de l’institut de formation des imams à Rabat.

Cela se conclut enfin par un rôle politique et militaire pour participer à pacifier les conflits dans ces régions et à lutter contre les facteurs de déstabilisation.

La politique suivie par le Maroc à l’égard de l’Afrique n’est pas le fruit du hasard. Elle est mûrement réfléchie. Mohammed VI a déjà eu l’occasion d’en expliquer les ressorts et les motivations: " c’est bien davantage qu’une appartenance géographique et des liens historiques. Elle évoque, en vérité, des sentiments sincères d’affection et de considération, des liens humains et spirituels profonds et des relations de coopération fructueuse et de solidarité concrète. Elle est, somme toute, le prolongement naturel et la profondeur stratégique du Maroc ".

Le Roi du Maroc avait fait un des diagnostics les plus réalistes des maux qui rongent le continent africain. Et il l’avait formulé d’une manière qui ne laisse aucun doute sur sa détermination à créer les conditions d’une renaissance africaine au profit du l’homme Africain:" Nous sommes convaincu que l’Afrique est capable d’assurer son propre développement et de changer par elle-même son destin, grâce à la forte détermination de ses peuples, à leurs potentialités humaines et à leurs ressources naturelles ". Et de résumer le grand message marocain à destination des populations africaines :" C’est dans ce contexte que le Maroc, aux côtés des États d’Afrique, apporte son concours à la réalisation de projets de développement humain et de prestations sociales ayant un impact direct sur la vie des populations de la région».

Face à tous ces défis, le Maroc a un modèle à offrir à ses alliés africains. L’exemple d’une puissance économique émergente capable de dépasser les facteurs handicapants et de créer un tissu industriel et financier attractif. Il est aussi une expérience démocratique modèle. L’État de droit y est consacré. Un processus électoral transparent et démocratique irrigue ses institutions. Cette situation politique et économique est le fruit d’une grande transformation marocaine dont les ressorts sont susceptibles d’inspirer d’autres expériences africaines à la recherche d’une alliance objective entre ouverture démocratique et relance économique.

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