M’jid El Guerrab : « Il faut changer le regard de la République sur les Français du monde »

M’Jid El Guerrab, conseiller du premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, se porte candidat à la 9ème circonscription des Français de l’étranger qui comprend seize pays d’Afrique, pour une population de 140 503 Français inscrits sur les registres consulaires. Les dates des élections législatives de 2017 sont prévues les dimanche 11 juin 2017 et 18 juin. Etant très convoitée comme circonscription, le franco-marocain, un habitué des hautes sphères de la République, ne désarme pas et se montre très déterminé à mener cette bataille électorale. Atlasino l’a rencontré. Interview:

Propos recueillis par Hasna Daoudi

Vous vous portez candidat pour la 9ème circonscription des Français de l’étranger. Vous êtes le candidat du Maghreb ?

M’Jid El Guerrab: Mon pays, ma terre, mes racines sont profondément ancrées dans le Cantal, là ou vivent les "berbères" français. Et mes racines du Moyen-Atlas sont également très attachées au monde berbère. J’organise chaque année avec mon village Aït Ishaq un festival de culture berbère qui nous a permis de désenclaver le village.
Plus jeune lorsque l’on me posait la question du Maroc ou de la France, je répondais : « je suis franco-maroco-berbero-cantalou ». Cette formule voulait dire que je ne souhaite ni être enfermé dans une origine ou une ethnie, ni avoir à choisir entre mon "père et ma mère" comme dirait Jamel Debbouzze. Pour résumer : je suis méditerranéen.

Disposez-vous d’un réseau de soutiens ?

Concernant les réseaux qui me soutiennent, il y a effectivement des grandes personnalités au Maghreb de toutes confessions, des chefs d’entreprises, des responsables associatifs, des élus en France ou au Maghreb, des intellectuels, des cercles économiques, etc. qui m’ont encouragé à me présenter. Je suis également soutenu par de nombreuses personnalités en Afrique de l’Ouest notamment au Sénégal et en Côte-d’Ivoire.
Que l’on dise que j’ai de nombreux réseaux implantés est une forme de reconnaissance de toutes ses années de militantisme et de travail au Maghreb. Le Maghreb doit objectivement peser dans cette élection. En effet, il y a 70% des inscrits sur les registres consulaires qui y sont basés. Le député devrait naturellement avoir un ancrage territorial fort dans cette région de la circonscription.

Les Français basés en Afrique de l’Ouest ne risquent-ils pas de se sentir délaissés si vous êtes élu député ?

Chaque pays de la circonscription possède ses spécificités et ses problématiques. Parce que mes attaches "naturelles" sont au Maghreb, je doublerai mes efforts en direction des Français d’Afrique de l’Ouest. J’irai à leur rencontre pour les écouter et voir comment je peux les aider au mieux dans leurs préoccupations. De plus, je proposerai de faire des permanences régulières et d’impliquer plus les sections socialistes dans le recueil des problèmes que vivent nos concitoyens. Il faudra imaginer une coordination avec les élus consulaires et les conseillers de l’AFE. Je souhaite nommer des référents dans les grandes villes de chaque pays et organiser des réunions régulières avec ceux-ci. Grâce au numérique le contact peut être permanent mais le numérique ne remplacera jamais le contact physique et le regard d’une femme ou d’un homme. Je m’engage à être le plus souvent possible aux contacts de mes concitoyens.

Quelles seront vos propositions pour que les Français de l’étranger votent pour vous ?

Le principal problème que j’ai relevé depuis toutes ces années, j’ai passé deux ans au Maroc à la tête d’une entreprise, c’est la relation de la France avec les Françaises et les Français du monde. Il y a un malentendu. Et nous devons de manière objective lever se malentendu. Agir sur ce malentendu.
D’une part, la République ne considère par les Français de l’étranger comme des Français à part entière et d’autre part, si les Français du monde aiment profondément la France, il faut travailler à raffermir ce sentiment d’appartenance. J’ai proposé de travailler sur la contribution réelle des Français de l’étranger aux finances de l’Etat et au rayonnement économique et culturel de la France.
Aujourd’hui, la part du budget de l’action extérieure de l’état qui concerne directement les Français de l’étranger s’élève à peu près à 800 millions d’euros par an, et dans le même temps le Centre des Impôts des Non-Résidents perçoit environ 600 millions d’euros de contribution fiscale. La République nous perçoit comme un coût, comme une charge.
Ainsi, avec l’Assemblée des Français de l’Etranger, nous travaillons à la préparation d’une étude prévue pour 2017 qui reprend un thème déjà abordé par le président de l’AFE, Marc Villard en 2012 : Les Français de l’Etranger ne sont pas une charge pour la France, mais une source de profits. Cette étude est destinée à évaluer la contribution réelle des Français de l’étranger à la richesse nationale pour démonter, chiffres à l’appui, qu’il ne faut pas nous considérer comme un coût, mais plutôt comme une valeur ajoutée.

Quel sera votre challenge ?

Mon premier challenge, ce sera de changer le regard de la République sur les Français du monde.

*diplômé de Science Pô et titulaire d’un master en management interculturel et médiation religieuse, M’jid En Guerrab était pendant trois ans (de 2007 à 2011) conseiller en communication du Président du Sénat Jean-Pierre Bel, nommé depuis envoyé personnel du président François Hollande pour l’Amérique latine et les Caraïbes. Lors de la campagne présidentielle de 2007, il occupait le postre stratégique de chargé des médias de la candidate socialiste Ségolène Royal.

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