Libye: l’UE détaille son soutien « concret » au gouvernement d’unité

L’UE a détaillé lundi des « projets concrets » pour appuyer le gouvernement d’unité nationale libyen, dans les domaines économiques et sécuritaires, envisageant notamment de former les garde-côtes pour mieux lutter contre les passeurs de migrants.

Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères de l’Union européenne se sont entretenus lundi soir par visioconférence avec le Premier ministre Fayez al-Sarraj, qui tente d’asseoir son autorité sur l’ensemble de la Libye.

Ces consultations sont intervenues juste avant le report sine die par le Parlement libyen, basé à Tobrouk (est), d’un vote de confiance crucial pour le gouvernement d’unité soutenu par l’ONU, en raison de profondes divergences.

Autoproclamé, le gouvernement d’union est issu de négociations menées sous l’égide de l’ONU. Il a déjà obtenu le soutien de certaines milices, mais aussi de la banque centrale ou de la compagnie pétrolière nationale depuis que M. Sarraj est arrivé à Tripoli le 30 mars.

Parmi les "priorités" du nouveau gouvernement figurent "la sécurité, la lutte contre Daech (acronyme arabe de l’organisation jihadiste Etat islamique, implantée dans la ville côtière de Syrte), la reconstruction des institutions étatiques, l’aide humanitaire, la reprise économique, les conditions sociales et l’emploi de la population", a expliqué la Haute représentante de l’UE, Federica Mogherini.

"Il y a aussi le besoin de travailler ensemble sur une approche globale de la migration: le contrôle des frontières, former et aider en particulier les garde-côtes" libyens, a ajouté Mme Mogherini.

Les Occidentaux espèrent que l’installation d’un gouvernement d’union en Libye permettra d’empêcher l’EI de faire de la Libye sa nouvelle base arrière, mais aussi de juguler les départs d’embarcations chargées de migrants depuis les côtes libyennes, récemment repartis à la hausse.

"Assurer la sécurité des Libyens, c’est une question vitale pour eux, mais c’est aussi une question vitale pour les pays de la région" et "pour les pays européens", a insisté le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault.

Dans cette perspective, les Européens envisagent d’élargir le mandat de "Sophia", l’opération navale de l’UE de lutte contre les passeurs de migrants au large de la Libye mise sur pied à l’été 2015.

Ils estiment qu’elle devrait "contribuer à la sécurité générale (…) par exemple par le biais d’un renforcement potentiel des capacités pour les garde-côtes libyens et la mise en oeuvre du droit international", selon la déclaration adoptée par les 28.

"Cela concerne la lutte contre le trafic humain, ceux qui exploitent les migrants. C’est aussi une action contre le trafic de drogue, contre le trafic d’armes (…) C’est tout le chantier qui commence maintenant", a commenté M. Ayrault.

Mais rien n’a été tranché lundi, et l’UE n’agira pas sans demande explicite des nouvelles autorités libyennes.

"Sophia" est pour l’heure cantonnée aux eaux internationales, faute d’autorisation officielle de se rendre dans les eaux territoriales libyennes ou de feu vert de l’ONU en ce sens, ce qui laisse aux passeurs le champ libre pour envoyer des embarcations de fortune chargées de migrants en haute mer.

L’UE, qui a mis sur la table un paquet de 100 millions d’euros d’aide économique et humanitaire, propose également aux nouvelles autorités une mission civile "de conseil et de soutien dans les domaines de la police et de la justice criminelle" en matière de lutte antiterroriste, de gestion des frontières ou de lutte contre l’immigration irrégulière, selon la déclaration finale.

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