La victoire de la gauche aux législatives déclenche l’euphorie dans les quartiers populaires français (reportage)

La victoire de la gauche aux législatives déclenche l
Ils étaient plusieurs milliers de Français à affluer dimanche soir sur les grandes places des villes de banlieues et ses cafés à forte fréquentation maghrébine et africaine pour chanter, danser et crier la victoire de la gauche menée par le parti socialiste.

Les terrasses de cafés étaient bondées. Les vendeurs de fleurs ont triplé le prix de leurs marchandises, exclusivement roses et rouges, profitant de l’ambiance de fête qui régnait sur les lieux jusqu’à une heure tardive (Les heureux élus de gauche n’ont quitté les lieux de fête que vers 2 heures du matin soulevant des concerts d’applaudissements).

C’est une euphorie collective qui a envahi les places et cafés des banlieues quand ont apparu sur les écrans de télévision les premiers résultats donnant la gauche largement gagnante : les drapeaux tricolores, marocains et algériens s’agitaient, les youyous retentissaient. ‘’C’est un soulagement de voir la droite ‘’dégagée’’, à l’image de son président, Nicolas Sarkozy, ‘’dégagé’’ lui aussi parce qu’il avait prôné tout au long de son discours électoral, une politique de division basée sur l’identité et les frontières. Un discours qui a contribué à la stigmatisation des habitants des banlieues traités comme des citoyens de second rang’’, déclare Hamad Bajjal, chef d’entreprise de construction dans la banlieue de Bobigny. Ce Marocain natif de Nantes, ne cache pas sa joie de voir les Français donner au Parti socialiste tous les moyens d’exercer le pouvoir. Une cohérence soulignée par son épouse qui évoque ‘’une vague rose impressionnante’’ : le PS et ses alliés raflent la majorité absolue au Parlement.

‘’L’élection de la gauche n’est pas seulement une victoire politique, c’est la victoire de l’égalité et de la justice’’, confie Said Nokri, d’origine tangéroise à la chaîne Sky News Arabian venue couvrir l’événement. Pour ce vendeur de produits marocains d’artisanat dans la banlieue de Trappes, ‘’c’est une nouvelle ère qui s’annonce, celle du changement’’. Avis que partage Ahmed Bercheq, un Parisien de 62 ans d’origine algérienne qui a participé avec de nombreux défenseurs des quartiers populaires à la soirée électorale, et qui a tenu à rappeler que la gauche dispose désormais de tous les leviers : Elysée, Assemblée, Sénat, régions…
Nabil Nadhifi, agent comptable franco-tunisien de Seine-Saint Denis, venu avec son amie pour prendre part à la fête, renchérit dans le même sens, tout en insistant, quant à lui, sur le devoir de se mettre au travail. ‘’Nous sommes en crise économique. Il va falloir tout reconstruire", dit-il, les traits tirés et le sourire aux lèvres.

Certains jeunes de banlieues se relayaient au micro de ‘’Al-Qarra’’, une chaîne destinée aux Maghrébins de France, pour crier la victoire et saluer la volonté du nouveau président socialiste d’instaurer plus d’équité et d’égalité entre les banlieues et les autres territoires de France. ‘’On va avec la gauche construire ne France respectueuse en actes et en paroles des droits de l’Homme’’, estime la franco-marocaine Ghita Lamrini, fonctionnaire en Seine-Saint-Denis, visiblement émue.
Dans ce département, qui abrite l’une des plus fortes communautés d’origine maghrébine et africaine, François Hollande avait fait ses plus beaux scores en l’emportant avec 75,32% des suffrages. Certaines villes d’Ile-de-France lui ont accordé plus de suffrages que sa commune de Tulle (76,70%).

Dans leur campagne électorale, les candidats de gauche étaient à la chasse aux voix des banlieusards. Ils avaient entamé un véritable marathon des banlieues où ils cherchaient à mobiliser l’électorat populaire : Vaulx-en-Velin, Creil, Trappes, Les Ulis, Clichy-sous-Bois, Aubervilliers ou encore Aulnay-sous-Bois. Ils avaient dit à cet électorat populaire qui s’est découragé, démotivé, tant il a supporté les conséquences d’une politique injuste et douloureuse, que le moment du vote est essentiel et que chacun doit être conscient de sa responsabilité.

‘’Maintenant que la gauche dispose de tous les pouvoirs, les banlieues vont être les premiers bénéficiaires des 150.000 emplois d’avenir qu’il souhaite créer, de la caution solidaire permettant aux jeunes de se loger et de l’augmentation de la proportion de logements sociaux de 20% à 25% dans certaines communes afin de favoriser la mixité sociale’’, estime Noureddine Tazi, vice-président de Paris-Emploi, une entreprise spécialisé dans le recrutement des jeunes issus des banlieues.
Pour lui, les Français ont ‘’dégagé’’ la droite qui a radicalisé comme jamais auparavant son discours sur l’immigration, la sécurité, les frontières et l’identité n’évitant aucun sujet scabreux, y compris la mixité dans les piscines et l’étiquetage de la viande halal, et ce au détriment des dossiers les plus cruciaux tels la crise de la zone euro, le chômage, la croissance économique, le pouvoir d’achat.
‘’Jamais autant de Français n’ont été autant ouvertement islamophobes que sous le pouvoir de la droite, s’indignait Achiq Zouni, franco-marocain d’origine mellalie et responsable technique au laboratoire de recherche à l’Université d’Ivry. ‘’La droite, toute tendance confondue, n’a cessé de stigmatiser et d’insulter l’islam et les musulmans. Il n’a cessé de faire peur des musulmans qui n’ont fait, pourtant, que pratiquer pacifiquement leur religion’’, se désole-t-il.

Pour les habitants des banlieues, c’est une victoire d’avoir triomphé de l’UMP, mais les attentes sont fortes chez la plupart de ces militants qui recommandent la vigilance et exigent des socialistes qu’ils donnent une place accrue aux quartiers populaires. ‘’On ne donne pas un chèque en blanc à la gauche, les quartiers populaires se veulent protagonistes, les gens veulent l’équité et l’égalité et ils sont impatients de savoir comment la question du chômage dans les quartiers sera traitée’’, insiste Driss Lahjir, franco-marocain en chômage depuis deux ans. Pour lui, il est important de favoriser le retour à l’emploi dans ces quartiers.

Côté socialiste, on garde la tête froide. Consciente des attentes soulevées par l’élection législative et de la lourde tâche qui l’attend, l’équipe du président se prépare déjà sur plusieurs fronts : les défis à relever, la crise à affronter et la France à rassembler.

Atlasinfo.fr

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