La seconde guerre de François Hollande

De par sa posture ronde, son verbe involontairement perlé d’humour froid, sa démarche consensuelle, François Hollande n’a pas à proprement parler l’habit d’un va-t-en- guerre surexcité comme parfois son prédécesseur Nicolas Sarkozy a pu l’incarner. Et pourtant l’homme s’apprête à entamer la seconde guerre de son mandat. Après le Mali, le Syrie pourrait très bien être le prochain théâtre des opérations de François Hollande, chef de guerre.

La seconde guerre de François Hollande
Déjà la guerre contre les extrémistes au Mali avait fait voir un François Hollande méconnaissable. Lui que la droite avait, dès le début de son mandat, attaqué sur sa mollesse et son hésitation, catalogué comme la parfaite illustration de l’hésitation et le comble de l’indécision. Il démontra à travers l’épreuve malienne qu’il était homme à poigne, capable de décider et de trancher. Il y gagna ses galons " présidentialisés" de chef de guerre, de meneur de troupes.

Sur la crise syrienne, François Hollande fut fustigé par la droite. Alors que Nicolas Sarkozy observait un jeûne médiatique pour faire oublier ses excès et une retraite politique pour préparer son retour, il s’est senti presque obligé de la rompre pour pointer les défaillances du nouveau maitre de l’Elysée. François Hollande fut décrit si inefficace sur le dossier syrien que de nombreuses voix regrettaient déjà l’activisme débordant de Nicolas Sarkozy qui avait fini par faire chuter le régime de Mouammar Khadhafi.

E pourtant ce n’est pas faute d’avoir apporté un soutien précieux à l’opposition syrienne. La France de François Hollande fut la première grande puissance occidentale à avoir donné ses lettres de crédit à une opposition syrienne encore en cours de constitution. Une coalitions de forces éparses, sans cohérences ni stratégie commune. La France pesa de tout son poids auprès des ses alliés traditionnels, arabes et occidentaux, pour lui ouvrir les couloirs inextricables de la reconnaissance internationale et de son généreux chéquier.

Comme la plus part des autres pays, elle hésita à lui ouvrir le robinet de l’armement de peur qu’Al Qaïda, qui se cache derrière le Front d’Al Nosra, n’en profite. Cette restriction lui a valu les critiques acrimonieux d’une grande partie de l’opposition syrienne obligée de freiner ses ardeurs guerrières en attendant des jours meilleurs.

Le surplace de la diplomatie française était la conséquence aussi de l’hésitation américaine sur le sujet. La phobie qu’avait montré Barak Obama à revivre les scénarios Afghan et irakien rendait difficile la possibilité de trancher rapidement la grande dispute du pouvoir à Damas. Et s’il fallait ajouter à cette scène la détermination de Vladimir Poutine à soutenir son allié Bachar EL Assad, la seule option devant François Hollande était l’attente.

Cette situation aurait pu durer encore de longs mois si la crise syrienne n’avait pris le dangereux tournant chimique. Dès l’annonce du massacre à l’arme chimique à grande échelle commis dans la banlieue de Damas , la diplomatie française par la voix du ministre des affaires Etrangères Laurent Fabius, en visite dans les territoires palestiniens et en Israël, pointe ses doigts accusateurs contre le régime syrien.

François Hollande a vite fait de reprendre le flambeau accusateur contre Damas. Il y ajoute la menace de riposter : "La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents". En quelques mots , François Hollande lance la France dans la guerre frontale contre Bachar EL Assad, faisant rouler les sons de tambours devenus familiers depuis que la France s’est militairement impliquée en Libye et au Mali.

Conseil de défense, parlement convoqué, François Hollande a procédé à une préparation de l’opinion française pour cette probable entrée en guerre de son armée. S’il n’y a pas encore eu de sondage fiable pour jauger l’adhésion populaire française à une telle démarche, la classe politique dans son ensemble a apporté son soutien et sa compréhension à la nécessité d’apporter une riposte à l’usage de l’arme chimique en Syrie.

Seuls les traditionnels extrêmes ( droite et gauche ) ont manifesté leur opposition classique à cette entrée en guerre. Des mots comme "prudence" , "seuil" à ne pas dépasser ont été lancés par l’opposition à François Hollande comme autant de balises d’alerte. Dominique De Villepin, l’homme qui s’était héroïquement dressé contre la guerre américaine contre l’Irak, a apporté son grain de sel :" Des frappes militaires nous éloigneraient d’un règlement politique et diplomatique. Notre vocation, ce n’est pas de punir quiconque par le biais militaire".

Dans cette probable guerre contre Bachar EL Assad, François Hollande doit gérer de nombreux interrogations. S’agit-il d’une opération punitive comme son discours devant la conférence des ambassadeurs l’a clairement laissé entendre ou d’une intervention pour changer le régime comme l’opposition syrienne et les alliés arabes de la France la pressent de le faire?

Alors que la France était en premier ligne en Libye et presque seule aux commandes au Mali, elle se retrouve dans le cas syrien à devoir accepter une offensive multilatérale avec Américains, Britanniques et pays arabes aux agendas forcément divergents. Avec cette question en sous titrage de toutes les interrogations françaises : Quelle place prendra donc le chef de guerre François Hollande dans l’état major international qui s’apprête à punir ou à déposer Bachar EL Assad? Cette expérience a déjà été utilisés en Afghanistan et la guerre sous commandement américain n’a pas été des plus populaire.

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