La réunion de Paris caresse l’espoir de voir une opposition syrienne plus unie et plus légitime

La France organise vendredi la troisième réunion des Amis du peuple syrien, groupe informel rassemblant pays occidentaux et arabes, avec l’espoir de convaincre l’opposition syrienne de se structurer, de se fédérer et de s’organiser de manière à ce qu’elle constitue une force légitime, capable de préparer l’après Bachar al Assad.

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La réunion, qui en est à sa troisième édition après Tunis en février et Istanbul en avril, sera ouverte par un discours du président français François Hollande, en l’absence de la Russie et la Chine, alliés du régime syrien.
Une centaine de participants est attendue. Une augmentation nette et sensible par rapport à Tunis et Istanbul montre le degré de "notre mobilisation et de notre solidarité avec le peuple syrien, constate un diplomate français qui voit dans cette mobilisation "un message clair d’un nombre croissant de pays qui considèrent qu’il doit y avoir une transition politique en Syrie et "que cette transition doit s’accompagner du départ de ceux qui président à la répression dans le pays et notamment celui qui dirige cette répression".
"La conférence nous permet d’insister sur notre +lecture+ du texte de Genève", critiqué par des opposants pour ses ambiguïtés, la première étant l’absence d’appel explicite à un départ du pouvoir de Bachar Al-Assad,."La transition ne peut s’accompagner du maintien ou de la présence et de la participation de ceux qui rendent ce processus non crédible", selon la France.
La réunion de Paris, insiste le diplomate français, sera politique. Les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL) n’y seront donc pas représentés. Mais, précise-t-il, la société syrienne et l’opposition syrienne y seront représentées dans leurs "très larges composantes". "Une priorité sera accordée aux voix de l’intérieur, des "voix fortes et crédibles".

Consciente des difficultés rencontrées dans la recherche d’une solution négociée, la France veut croire à une autre éventualité, une victoire claire et nette de l’opposition sur le terrain, même si elle n’est en rien garantie."Le rapport de forces a changé depuis trois semaines", note le diplomate français. "Il existe des zones dans lesquelles les forces de sécurité n’ont plus accès. Elles ne sont pas très grandes mais certaines sont connectées."
Autre option envisagée par Paris : une intervention de la Russie, qui fournit des armes à la Syrie, pour faire pression sur Bachar al Assad afin qu’il s’écarte. Là encore, la France constate une évolution qu’elle juge positive. "Nous entendons, dans les cercles politiques et militaires russes, des choses surprenantes que nous n’entendions pas jusqu’à présent", confie le diplomate français. En clair, Moscou pourrait consentir à discuter de l’après-Bachar al Assad.

Sur le terrain, l’armée syrienne a continué ces derniers jours de bombarder les positions rebelles. Le conflit, qui dure depuis mars 2011, a fait plus de 15.000 morts. Selon le général norvégien Robert Mood, la violence en Syrie a atteint un niveau "sans précédent", appelant jeudi avec insistance à un cessez-le-feu pour que ses équipes puissent reprendre leur travail.
"L’escalade de la violence, permettez-moi de le dire, à un niveau sans précédent a empêché notre capacité à observer, vérifier, rapporter ainsi qu’aider dans le dialogue local", a déclaré le général norvégien à la presse, à Damas.
Environ 300 observateurs de l’ONU ont été envoyés en Syrie pour porter un regard neutre sur les violences, mais ils ont été confinés à leurs hôtels depuis le 15 juin à cause du bain de sang.

Encadré

L’opposition syrienne, en exil et en Syrie même, est composée d’une myriade de groupes et de mouvements qui peinent à s’entendre pour constituer un front uni contre le régime du président Bachar al-Assad. Tour d’horizon.

Le Conseil national syrien. Créé en août 2011 à Istanbul, le CNS apparaît comme le plus large et le plus représentatif. Il tire sa légitimité d’un double adoubement : celui de l’opposition de l’intérieur et celui de Washington et de Paris, qui le privilégient comme interlocuteur dans l’opposition. Les pays «Amis du peuple syrien» l’ont reconnu comme «un représentant légitime de tous les Syriens».

Composé de 230 membres, dont près d’une centaine vivent en Syrie, le CNS est une coalition des plus importants partis de l’opposition partagée entre islamistes, notamment des membres des Frères musulmans, libéraux et nationalistes. Il exige le départ du président Bachar al-Assad et coordonne avec l’Armée syrienne libre qui combat les troupes du régime en Syrie.

Le CNS est actuellement dirigé par le Kurde Abdel Basset Sayda qui a succédé en juin à l’opposant Burhan Ghalioun. La coalition est critiquée notamment pour le manque de coordination avec le terrain et pour la grande influence des Frères musulmans en son sein.

L’Armée syrienne libre. L’ASL est composée essentiellement de déserteurs, mais comprend également des civils qui ont rejoint la rébellion. Elle compte des milliers de militaires dissidents mais reste désorganisée.

Dirigée par un colonel réfugié en Turquie, Riad Assaad, depuis juillet 2011, elle manque d’armes lourdes face à la puissante artillerie, chars et hélicoptères de l’armée régulière (325 000 hommes dont 140 000 à 160 000 dans les unités combattantes). Le CNS a créé un «bureau militaire» pour organiser ses approvisionnements en armes. L’ASL est chapeauté par le «Conseil militaire révolutionnaire supérieur», créé par le général Moustapha al-Cheikh.

Les Comités locaux de Coordination. Les LCC animent la contestation par quartier et par ville. C’est la principale force d’opposition sur le terrain, composée d’une majorité de jeunes sans passé militant connu, communiquant par les réseaux sociaux, et avec l’extérieur via Skype. Ils ont organisé un système parallèle d’entraide, en particulier pour soigner leurs militants blessés hors des hôpitaux surveillés par les forces de sécurité. Les LCC font partie du CNS mais ont dénoncé à plusieurs reprises leur marginalisation.

Le Comité de coordination pour le changement national et démocratique. Le CCCND, dirigé par Hassan Abdel Azim, est basé en Syrie et est toléré par le régime. Il regroupe des partis «nationalistes arabes», kurdes, socialistes et marxistes. L’opposant basé en France Haitham Manaa y est une figure de proue. Le groupe, proche de la Russie, refuse toute idée d’intervention militaire étrangère en Syrie. Une tentative de rapprochement avec le CNS s’est soldée par un échec.

• La Coalition des forces laïques et démocratiques. La CFLD, réunie pour la première fois à Paris mi-septembre, prône l’instauration d’un Etat laïque. Des partis kurdes, chrétiens assyriens, ou encore musulmans sunnites y participent. La CFLD s’inquiète d’une prédominance des islamistes dans l’opposition et appelle les minorités, en particulier chrétiennes, à rejoindre la contestation.

La Commission générale de la révolution syrienne. Créée à la mi-août 2011, la CGRS est une coalition visant à «resserrer» les rangs de l’opposition afin d’aboutir à la chute du régime et à l’établissement d’un Etat démocratique.

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