La rencontre des religions à Rabat aspire au renouveau du dialogue islamo-chrétien dans une conjoncture délicate

Les participants à un colloque international, qui s’est ouvert vendredi à Rabat, ont examiné les conditions idoines pour approfondir le dialogue islamo-chrétiens dans une conjoncture internationale délicate marquée par des tensions.

Le colloque, organisé pendant deux jours par la Fondation du Roi Abdul-Aziz, basée à Casablanca, en partenariat avec la bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM), le Collège des Bernardins à Paris sous le thème  »de la rencontre des religions : pour un renouveau du dialogue islamo-chrétien », ambitionne de saisir la problématique du dialogue interreligieux dans toute sa complexité, à commencer par le questionnement critique des prémisses essentialistes de deux postures : d’un côté, celle qui voit dans les religions, du seul fait de leur nature, des entités antagonistes condamnées à un perpétuel conflit, et de l’autre, la posture théorique qui lui oppose la voie du dialogue des religions comme condition d’une paix mondiale durable.

La rencontre, à laquelle participe, notamment le groupe de recherche islamo-chrétien (GRIC) au Maroc, souhaite aussi faire le point sur un demi-siècle de dialogue interreligieux, période durant laquelle se sont multipliées les initiatives musulmanes et chrétiennes émanant de divers milieux et instances. Il s’agit de soumettre à une analyse aussi bien les acquis et avancées que les échecs et entraves divers qui  »revivifient les préjugés d’un côté comme de l’autre, attisent les peurs, et provoquent une situation de tension dans laquelle certains voient surtout un choc réciproque des ignorances », selon le document de présentation de la rencontre.

Le colloque de Rabat se veut surtout une fenêtre ouverte sur l’avenir, un pari sur la connaissance susceptible de faire triompher la  »cause du dialogue » interreligieux, la rencontre se focalisant sur les aspects théologiques et philosophiques, mais aussi sur les dimensions historiques et anthropologiques, sans oublier l’analyse de l’impact du processus de modernisation sur chacune des deux traditions religieuses chrétienne et musulmane.

Lors d’une première séance axée sur le thème  »Le dialogue islamo-chrétien : état des lieux » présidée par Farid El Asri, anthropologue à l’université Internationale de Rabat, animée par Fadi Daou, président de la fondation Adyan, basée à Beyrouth, et Abdelmajid Charfi, islamologue de l’université de Tunis, les deux chercheurs se sont livrés à une analyse de l’état du dialogue interreligieux dans une conjoncture délicate marquée par la déferlante de la mondialisation et les replis qui entravent la dynamique d’ouverture et de coexistence.

Durant la deuxième séance consacrée au thème  »Dialogue islamo-chrétien dans le contexte des changements en cours dans le monde arabe », les débats ont été animés par Antoine De Romanet, codirecteur du département  »société, liberté, paix » au Collège des Bernardins à Paris, Claude Geffré, théologien français, Nayla Tabbara, vice-présidente de la Fondation Adyan à Beyrouth, Vincent Guibert, théologien français au Collège des Bernardins.

Les dimensions historiques et anthropologiques du dialogue islamo-chrétien est le thème de la troisième séance animée par Mgr. Pascal Gollnisch, directeur général de l’association  »L’OEuvre d’Orient » à Paris, Amine Elias, chercheur associé au Laboratoire au centre de recherches historiques de l’Ouest (CERHIO) au Mans (ouest de la France), Abderrzaq Sayadi, professeur à l’université de Manouba à Tunis.

Les travaux de la rencontre se poursuivront dans le cadre d’une quatrième séance centrée autour du thème  »Le dialogue islamo-chrétien à l’épreuve d’une modernisation mondialisée » à laquelle participeront Maati Kabbal de l’institut du monde arabe (IMA) à Paris, Abubaker Ahmed Bagader, anthropologue et responsable à l’organisation de coopération islamique (OCI), Jean-Baptiste De Foucauld, président de l’association "Démocratie et Spiritualité" à Paris, Mohamed Haddad, président de l’observatoire arabe des religions et des libertés en Tunisie.

Le programme prévoit, aussi, une table-ronde consacrée au thème "les perspectives d’un renouveau du dialogue islamo-chrétien", présidée par Ahmed Abbadi, secrétaire général de la Rabita Mohammadia des Oulémas, avec la participation de Faïçal Ben Abderrahmane Ben Mouammar, secrétaire général du centre International du Roi Abdullah Ben Abdulaziz pour le dialogue entre les adeptes des religions et des cultures à Vienne, Jacques Huntzinger, ancien ambassadeur de France, directeur de recherche au Collège des Bernardins à Paris, Ahmed Khamlichi, directeur de la Fondation Dar al-Hadith Hassaniya à Rabat, Samuel Amedro, président de l’église évangélique du Maroc, Christophe Roucou, directeur du service des relations avec l’Islam (SRI) à la Conférence des évêques de France.

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