La Fondation Mohammed VI des oulémas africains table sur les fondamentaux communs des pays africains (Toufiq)

La Fondation Mohammed VI des oulémas africains aura un rôle d’accompagnement du champ religieux sur le continent en capitalisant sur les fondamentaux communs des pays africains, de leurs orientations structurantes, de la nécessité d’une institutionnalisation du fait religieux et de l’urgence de faire face aux défis du moment, a affirmé le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq.

"Pour mener ses actions sur le terrain, la Fondation doit au préalable constituer un nombre de bureaux, reconnus selon les lois en vigueur dans chacun des pays", a expliqué M. Toufiq dans un entretien à l’hebdomadaire international "Jeune Afrique" à paraître dimanche, notant que ce processus est enclenché depuis l’adoption du modèle standard des statuts locaux, il y a quelques mois.

"L’idée de cette Fondation est bien accueillie et progressivement assimilée, loin de toute précipitation ou d’opportunité conjoncturelle", a dit M. Toufiq, également président délégué de ladite Fondation.

Il a en outre relevé que les pays africains, qui ont évolué dans un contexte international post-guerre froide, sont constamment à la recherche de modèles de développement et de types de partenariat équilibrés, ajoutant que la prise de conscience est grandissante pour dépasser les archaïsmes ethniques et les séquelles des idées totalitaires.

"Comme partout dans le monde, les pays africains redécouvrent leurs traditions et se retrouvent en même temps devant des menaces extérieures", a-t-il fait observer, notant que les pays où les voies soufies sont plus actives et moins affectées par les courants rigoristes, l’Etat continue à croire en une laïcité classique le dispensant de ses obligations tant que la religion ne pose pas de problèmes de sécurité." "Mais le cauchemar du terrorisme oblige à ouvrir les yeux sur des réalités nouvelles", a-t-il fait valoir.

Le ministre a en outre indiqué que huit cents futurs imams sont actuellement inscrits à l’institut Mohammed VI pour la formation des imams, précisant qu’ils viennent, entre autres, de France et de cinq pays africains subsahariens (Mali, Sénégal, Côte d’Ivoire, Guinée et Nigeria).

A la demande du pays d’origine, la formation se fait en cycle long de deux ou trois ans, ou en cycle court de trois mois, a expliqué M. Toufiq, rappelant que les premières promotions ont déjà quitté l’Institut, qui va ouvrir prochainement une extension, et plusieurs demandes sont en instance.

Les programmes de formation, aussi bien théoriques que pratiques, prennent en compte les spécificités nationales, a affirmé le ministre, précisant que chaque promotion d’un pays donné est formée à part, du début jusqu’à la fin du cycle.

Il a sur un autre registre évoqué la particularité de l’islam modéré au Maroc qui "la doit à une interprétation actualisée de sa tradition religieuse et culturelle", notant que cette tradition repose sur un premier pilier constitué par les fondamentaux choisis et préservés par la nation, à savoir le dogme Ach’arite, qui n’admet jamais l’excommunication, le rite malékite, ouvert à la pratique sociale et la voie spirituelle optionnelle qui ne rejette pas la lecture métaphorique du texte.

Le deuxième pilier de cette tradition est la Commanderie des croyants, a-t-il poursuivi, précisant que cette institution est fondée sur un contrat avec la nation, un concept que ne rend pas de façon fidèle le mot "allégeance" puisqu’il y est question de contrat et d’engagement.

"En vertu de la Bay’a, le Commandeur des croyants, SM le Roi, s’engage à garantir aux gens la pratique de leur religion, leur sécurité, un ordre rationnel, une équité en matière de biens et de services et une dignité soutenue par la décence et la solidarité", a-t-il fait valoir, ajoutant que ces engagements englobent tout ce qu’on peut chercher dans une Constitution moderne, avec en prime un engagement sur la religion qui concerne le sens de la vie.

"L’essentiel est qu’il n’y ait pas de contradiction entre les termes des deux registres, celui dit légal, Shra’i, pour les fidèles et celui dit civil pour ceux qui se montrent concernés, avant tout, par le principe citoyen", a-t-il insisté, faisant remarquer que ce consensus fait obstruction aux allégations et à la violence jihadistes.

Selon lui, cette vision protège aussi les gens contre les illusions idéalistes déroutantes d’une minorité de religieux auxquels échappe le réalisme divin qui décrit la vie humaine dans la Révélation.

Abordant la gestion du champ religieux au Maroc, M. Toufiq a rappelé que cette gestion se développe sous la haute autorité du Commandeur des croyants, estimant que ce chantier serait mieux réussi si les acteurs politiques prenaient pleinement conscience de son fondement sur le plan des rapports entre religion et politique ce qui demande une retenue devant la fascination politique du religieux.

(Avec MAP)

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