L’honorable présence marocaine au Forum Social Mondial de Tunis

Le rideau est tombé sur la 12ème édition du FSM qui a pris cette année pour étape une terre maghrébine encore en ébullition et cela dans une conjoncture particulière caractérisée par une situation régionale (guerre au Mali) et internationale tendue, doublée d’une crise économique et financière déstabilisatrice

L’honorable présence marocaine au Forum Social Mondial de Tunis
Ces éléments de tension sociale et de conflit ont pour effet de donner un surplus de crédibilité à une telle manifestation altermondialiste et conférer de la légitimité aux mouvements de revendication sociale et citoyenne (lutte pour la liberté, la dignité et les droits civiques et contre la précarité, l’exclusion et la discrimination ) qui ont vu le jour à travers le monde ces 12 dernières années. Plus de 4500 associations, ONG et syndicats ont déployé du 26 au 30 mars leurs slogans et exposé leurs doléances dans 1200 activités et ateliers et plus de 70 000 personnes ont pris part aux travaux et manifestations du FSM.

Que restera t-il de cette 12ème édition ?
Si le slogan initial que le FSM s’est donné à Porto Allègre en 2001 – «un autre monde est possible»- demeure, sur le plan éthique et théorique, porteur d’espoir, la perspective de jours meilleurs, le rêve d’un monde nouveau, équitable et juste, semblent bien utopiques. Les débats et les témoignages que les différents ateliers accueillirent ont révélé toute l’ampleur des violations des droits humains et l’impact du gaspillage des ressources naturelles sur l’avenir de l’humanité et de la planète entière. Il ressort de ces mêmes débats qu’un peu partout dans le monde la dignité humaine est bafouée, l’égalité économique et sociale est absente et l’avenir de millions de jeunes et de familles, maintenues dans la précarité et la pauvreté, est incertain. La région maghrébine et arabe ne fait pas exception à cette triste réalité. Les promesses de changements (démocratie, justice, égalité économique et sociale, lutte contre la corruption, bonne gouvernance) qu’annonçait le « printemps arabe » apparaissent comme des leurres. La mondialisation et ses effets pervers, la marchandisation rampante des secteurs les plus essentiels de la vie des peuples (santé, agriculture, eau, éducation…), l’ordre libéral généralisé, sont toujours et partout triomphants. Ces facteurs de déstabilisation et de précarisation contre lesquels les milliers de participants au FSM se sont élevés, semblent même difficilement surmontables.

En choisissant, après Porto Alegre (Brésil) et Dakar, une terre maghrébine pour l’édition 2013, les organisateurs du Forum Social Mondial ont voulu, probablement, « reconnaître » un fait qui se révéla décisif. Placé sous le signe du respect de la dignité humaine, il fut l’élément déclencheur d’une poussée « révolutionnaire » populaire qui emporta sur son passage deux systèmes dictatoriaux maghrébins (Lybie et Tunisie), sonna le glas de deux régimes arabes autoritaires (L’Egypte et le Yémen) et annonce aujourd’hui la chute du dictateur Syrien. Le choix de Tunis se justifie également par l’inquiétude, palpable dans la rue tunisienne, que suscite l’arrivée au pouvoir, dans ces mêmes pays libérés de la dictature du parti unique et de la famille régnante, de mouvements avec un projet social et un programme politique et idéologique déterminés par une pensée religieuse bien affirmée.

Et le Maroc dans tout cela ?
La présence marocaine au FSM fut diverse, plurielle et hétérogène; mais dans l’ensemble honorable. C’est un fait. Les 500 marocains présents au FSM ont joué des partitions différentes et décliné des préoccupations spécifiques et même corporatistes. Cette posture et l’absence de coordination entre les différentes composantes, assez flagrante par ailleurs, ont induit des effets pervers perceptibles au niveau des recommandations de certaines assemblées de convergence et donc sur le résultat final. Et si certains ateliers et stands ont été à la hauteur de l’événement en choisissant des thématiques pertinentes (éducation, protection sociale, avancées constitutionnelles etc.), en défendant des dossiers stratégiques (cause nationale : cas des conférences organisées sous la Tente marocaine) et légitimes (les expulsés d’Algérie en 1975, les ex-prisonniers dans les camps des séparatistes et de leurs parrains algériens), en dénonçant les violations des droits humains dans les camps de Tindouf, il n’en reste pas moins que des participants ont failli. En effet, en épousant les thèses et les arguments de ceux qui sont venus au FSM exclusivement et spécialement avec la ferme intention de gêner et contrarier les activités (cas de la Tente) de la délégation marocaine, certains participants ont apporté du blé à moudre au moulin des adversaires les plus acharnés des causes et intérêts nationaux. Organisés en commandos chargés d’assurer l’encadrement des séparatistes du Polisario, ces derniers, tous fonctionnaires (policiers et militaires) algériens en civil, n’ont pas hésité à employer des méthodes et des moyens prohibés par la Charte du FSM , pour intimider et déstabiliser les membres de la délégation marocaine.
Ceci est regrettable et indigne d’un Etat voisin, l’Algérie, qui a empêché ses propres ressortissants (plus de 200 jeunes) de franchir la frontière tunisienne pour participer au FSM et qui n’avait aucune visibilité propre (stands ou autres ateliers). Cet agissement,contraire aux valeurs prônées par le FSM, ne pouvait que nuire au bon déroulement des activités de la délégation marocaine (organisées sous la grande Tente) et contrarier les efforts visant, côté marocain, le règlement « juste et sérieux » d’un conflit régional vieux de plus de 36 ans et ainsi rendre possible l’avènement d’un Maghreb uni, solidaire, résolument tourné vers l’accomplissement d’un but et d’un destin maghrébins communs : la stabilité et l’intégration de la région et la prospérité de ses peuples.

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