L’adieu à Saïd Bourarach avant le rapatriement de sa dépouille au Maroc.

La communauté musulmane de Seine-Saint-Denis s’est recueillie à la mémoire du jeune père de famille sans histoire retrouvé mort dans le canal de l’Ourq le 31 mars, au lendemain de son agression par six individus. La mort brutale du vigile de Batkor de Bobigny suscite bien des interrogations. Son entourage déplore le mutisme des politiques et le silence des médias.

Ce Vendredi 16 avril à la mosquée d’Epinay-sur-Seine en région parisienne, la cérémonie religieuse, avant le rapatriement du corps de Saïd Bourarach à Berkane, sa ville natale, a rassemblé beaucoup de personnes.

Après la prière de mort (Salat Al Janaza), la cérémonie, organisée à l’initiative de l’Union des Associations Musulmanes de la Seine-Saint-Denis(UAM 93), également à l’origine de la marche qui avait rassemblé 6000 personnes samedi 10 avril à Paris, entre République et Bastille, a permis à la famille et aux amis du défunt de rendre un dernier hommage à à Saïd Bourarach,

Son épouse Nathalie, anéantie par le chagrin, déclare être déterminée à faire la lumière sur la disparition de son mari. « Sa mère, qui s’apprêtait à le voir aux prochaines vacances scolaires, ne s’attendait pas à ce qu’il revienne dans un cercueil », nous a confié Hayat, une cousine de Saïd.
C’est pour leurs enfants âgés de trois et sept ans, qui demandent pourquoi leur papa est tombé dans le canal, que la veuve de Said Bourarach va poursuivre sa quête de la vérité et engager un nouvel avocat, Maitre Taleb, car, selon elle, beaucoup de zones d’ombre subsistent.

Nathalie a décidé dans un premier temps de déposer plainte contre Batkor pour insuffisance des mesures de sécurité autour du magasin, victime en janvier dernier d’un braquage. Seuls deux agents de sécurité et un maître-chien surveillent un espace de près de deux mille mètres carrés. Les employés demandent constamment davantage de caméras de surveillance et regrettent de n’avoir rien pu faire pour sauver leur collègue. Tous s’accordent à dire que ce jour là « tout s’est très vite passé ».

Une simple altercation qui finit en drame

Mardi 30 mars, vers 19h10, Saïd Bourarach refuse à un couple l’accès au magasin fermé depuis dix minutes. Le client qui jure de le tuer, appelle son frère son cousin et un ami en renfort. La situation dégénère très rapidement et les employés se réfugient dans le magasin. La chienne de Saïd, dont il est inséparable est prise à partie par le groupe mais avec sa muselière elle est incapable de se défendre. Le vigile sort pour la récupérer. Il ne reviendra jamais. Ses collègues, dont Mouloud, qui a bien voulu revenir sur les faits pour atlasinfo, finit par retrouver Diana, blessée au bord du canal de l’Ourq . « J’ai compris que c’était fini pour Saïd ». Le corps sera repêché le lendemain matin par la police.

Ce sont les circonstances dans lesquelles s’est déroulé le drame qui taraudent les proches de la victime, persuadés que Saïd a tout bonnement été jeté dans le canal. Ce que nient les agresseurs.

Même si l’intention d’homicide n’est à ce jour pas établie, le parquet de Bobigny a ouvert une information judicaire le 2 avril contre quatre des six agresseurs pour « homicide involontaire ayant entrainé la mort sans intention de la donner, avec usage ou menace d’une arme ».
Les quatre hommes, âgés de 19 à 25 ans et connus des services de police pour des faits de violence, ont été placés en détention.

Quant à l’autopsie, elle a révélé des ecchymoses non significatives et conclu à une mort par noyade. Mais selon son entourage, le défunt « savait très bien nager et n’aurait jamais pu se noyer sans avoir été assommé au préalable ».

Un silence assourdissant

Dans ce malheur, seul le PCF (Parti communiste français) a adressé un message de compassion à l’épouse Bourarach. Le Maire adjoint du Blanc-Mesnil, Hervé Bramy s’est engagé à aider la famille à clarifier les circonstances de la disparition de Saïd. Quant au ministre de l’intérieur Brice Hortefeux, la communauté musulmane de Seine Saint-Denis lui reproche son absence et son silence. Un silence que dénonce Alima Boumedienne-Thiery. La sénatrice (Les verts) refuse une justice à deux vitesses.

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