« Il faut retrouver notre unité dans les valeurs de la République »

Le débat sur la sécurité qui agite actuellement notre pays ne peut qu’inquiéter tous ceux qui ont un profond attachement pour la France. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons veiller à protéger les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui sont le fondement même de notre République et le ciment de notre pays.

La première valeur dont il nous faut restaurer le sens, c’est la liberté.

Dans ce nécessaire débat qui a surgi au cours de l’été, il ne faut pas perdre de vue que la sécurité doit constituer, pour tous, la première des libertés. Nous ne pouvons faire l’économie de nouvelles solutions pour faire face à l’insécurité croissante en France. Notre objectif premier doit être de restaurer sur l’ensemble du territoire la sécurité à laquelle chacun a le droit.

Sur ces questions qui sont pourtant une des premières préoccupations des Français, l’opposition socialiste, engluée dans un conservatisme et des tabous idéologiques d’un autre âge, s’exprime peu et ne propose rien… et je le regrette! Force est de constater que Daniel Cohn-Bendit, en expliquant que l’Europe doit savoir ouvrir ou fermer ses portes, a plus conscience des problèmes posés par les questions de sécurité et d’immigration que ses amis socialistes. Ces derniers feraient bien de regarder autour d’eux : ils verraient comment l’Espagne contrôle l’immigration et comment l’Allemagne et l’Angleterre ont pris des mesures drastiques en matière de sécurité et de responsabilisation des familles.

La deuxième valeur sur laquelle nous devons nous interroger à la lueur de notre actualité, c’est l’égalité. La France est un pays qui donne des chances à tous, tout au long de la vie, qui accueille tout le monde à l’école, qui ne fait pas de ségrégation, qui ne compartimente pas, qui n’attise ni la haine ni les jalousies. Je peux en témoigner : pour les enfants de l’immigration, l’égalité est le vecteur et la finalité d’une intégration réussie.

Cessons de stigmatiser tous ces "Français de la diversité" comme des "enfants de l’immigration" et de les cantonner à des fonctions ou à des quotas qui les renvoient systématiquement à des origines ou des pays qu’ils ne connaissent pas.

C’est cela l’égalité à laquelle chacun doit pouvoir prétendre. Nous partageons les mêmes valeurs et le même amour pour la France. Et c’est cela qui nous unit, c’est cela la traduction concrète de la fraternité républicaine. La fraternité, c’est refuser avec la même vigueur tous les replis communautaristes et tous les comportements qui viseraient à isoler une catégorie de la population. La France n’est jamais aussi grande et forte que lorsqu’elle se montre unie, au-delà des territoires, au-delà des religions, ou des origines. Cette unité est un bien précieux que nous devons préserver.

CESSONS DONC D’OPPOSER LES FRANÇAIS LES UNS AUX AUTRES

A ce titre, le tournant pris dans le débat qui a suivi la proposition du président de la République concernant l’extension de la déchéance de la nationalité française, est regrettable.

Cette proposition prévoit une extension très encadrée d’une situation qui existe déjà dans notre droit, en s’assurant du respect des conventions internationales. Cette proposition a la vertu, par ailleurs, de nous rappeler que devenir Français n’est pas un acte anodin, et de redonner tout leur sens aux valeurs républicaines que nous avons tous en partage.

Ce n’est donc pas cette proposition mais le débat qui s’en est suivi qui n’a pas été sain : je songe en particulier à son instrumentalisation par ceux qui, pour satisfaire leurs ambitions politiques, veulent catégoriser les Français au mépris de la fraternité. Je regrette que certains aient pu se laisser aller à un amalgame entre immigration et délinquance.

Tous les immigrés et les enfants d’immigrés ne sont pas des délinquants potentiels. Nous sommes nombreux à savoir parfaitement, du fait de nos origines, ce que signifie intégrer la nationalité française. C’est une adhésion forte qui ne nous fait oublier aucune racine, mais ces racines sont un jardin qui n’appartient qu’à nous. C’est en tant que Française et sans complexe que je dis qu’il peut y avoir de la délinquance par défaut d’intégration, et que le crime n’a pas de couleur. Cessons donc d’opposer les Français les uns aux autres, au profit d’un meilleur vivre ensemble !

Notre défi aujourd’hui, en tant que responsables politiques, c’est de contribuer à créer un nouveau climat d’apaisement pour que tous les Français soient de nouveau totalement en phase avec les valeurs fondamentales de notre République.

La République, ce n’est ni l’angélisme ni l’immobilisme, et encore moins le rejet de l’autre. Ceux qui mettent en doute, depuis des années, la nécessité de défendre notre héritage républicain, à la fois complexe et glorieux, n’ont pas rendu service à la France. Ce dénigrement a fait des dégâts qu’il sera difficile de rattraper.

Ce n’est pas un hasard si le Parti socialiste a vu partir ses plus ardents défenseurs de la République, de Max Gallo à Jean-Pierre Chevènement. Les enfants de l’immigration veulent au contraire qu’on leur montre que l’adhésion aux valeurs de la République est un honneur inestimable.

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