Décédée d’un cancer, elle confie son fils tétraplégique à Nicolas Sarkozy

Le chef de l’Etat accuse réception et confie le dossier à un préfet. L’affaire pose une nouvelle fois la question de l’euthanasie.

Une femme décédée d’un cancer a demandé dans une lettre transmise après sa mort au président de la République Nicolas Sarkozy de s’occuper de son fils tétraplégique, a-t-on appris mardi auprès de l’avocat de la famille, Me Fabien Picchiotino.

"Monsieur le Président, je vous en supplie, prenez soin d’Eddy comme si c’était votre fils", a écrit Michèle de Somer, décédée vendredi à l’âge de 57 ans d’un cancer des poumons au CHU de Rouen, dans une lettre confiée à son avocat.

Dans ce courrier révélé par RTL, cette femme demande au président de trouver une place dans un établissement spécialisé, pour son fils âgé de 33 ans. Elle lui demande aussi de "relancer" le débat sur l’euthanasie. Le président Nicolas Sarkozy a reçu le courrier et a saisi le préfet de Seine Maritime pour qu’il en prenne en charge le dossier, a indiqué l’Elysée à l’AFP.

Engagée en faveur de l’euthanasie

Cette mère avait abandonné ses activités en 2001 pour s’occuper de ce fils devenu tétraplégique à la suite d’un accident de cyclomoteur. Elle s’était engagée en faveur de l’euthanasie et avait réclamé une loi pour permettre à des personnes comme son fils de "mourir dignement".

Selon son avocat, elle avait sollicité son concours, ces derniers mois, pour savoir ce qu’elle encourait si elle commettait un acte d’euthanasie active. "Mais elle est tombée malade, est devenue trop faible et n’est pas passée à l’acte", a indiqué Me Pichiottino.

Cette affaire "me révolte un petit peu parce qu’elle a tellement, tellement demandé qu’on puisse l’aider (…). Je crois que son ultime désir était de pouvoir partir avec son fils. Malheureusement, personne ne l’a écoutée", a commenté Marie Humbert, cette mère qui a bénéficié d’un non-lieu après avoir été jugée pour avoir aidé, avec un médecin, son fils tétraplégique à mourir en 2003.

«Il faut les envoyer au ciel»

Le geste de l’Elysée "est un petit peu je pense pour se donner bonne conscience parce que Eddy va être trimbalé à droite, à gauche", a-t-elle estimé. "Il faut absolument que les choses changent pour qu’on puisse laisser partir les enfants qui le désirent ou même s’ils ne le désirent pas, mais arrêter de les mettre dans des déchéances jusqu’à ce que l’on soit obligé de leur couper les tendons pour pouvoir les habiller. C’est quelque chose d’horrible, il faut arrêter je pense de les torturer comme ça, il faut les envoyer absolument au ciel", a-t-elle dit.

Les sénateurs ont rejeté en janvier une proposition de loi visant à instaurer "une assistance médicalisée pour mourir", dans la droite ligne du Premier ministre François Fillon qui s’était opposé à l’euthanasie la veille du débat.

L’essentiel de cette proposition de loi tenait dans son article premier, supprimé: "toute personne capable majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection accidentelle ou pathologique grave et incurable, lui infligeant une souffrance physique ou psychique qui ne peut être apaisée ou qu’elle juge insupportable, peut demander à bénéficier (…) d’une assistance médicalisée permettant, par un acte délibéré, une mort rapide et sans douleur".

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