Coup de mou dans l’équipe du président-candidat

Des engueulades, une ligne contestée par certains… Sarkozy, qui était vendredi en Corse, inquiète son entourage sur sa capacité à retourner la tendance à son avantage.

Coup de mou dans l’équipe du président-candidat
Ce vendredi, il pleut sur la Corse. Un ciel bas et gris à vous plomber un moral de vainqueur. Mais, dans le camp de Nicolas Sarkozy on veut y voire un oracle : il pleut comme en 2007. A une semaine du premier tour, tout est bon à prendre pour faire oublier cette maudite météo sondagière qui annonce une défaite à coup sûr. «Vous avez l’air impatients, vous verrez», répond Nicolas Sarkozy, à la sortie d’une usine de confiture près d’Ajaccio, étrangement détendu. Comme détaché. L’animal de campagne avait pris l’habitude de venir systématiquement draguer les journalistes suiveurs. En Corse, il les tient à distance. Il avait promis «d’être à fond, à fond», jusqu’au deuxième tour. A deux jours du méga meeting de la Concorde, le candidat bateleur donnait l’impression, ce vendredi, d’avoir appuyé sur pause. Il y a évidemment les sondages. La lente mais linéaire remontée du candidat, depuis son entrée en campagne, s’est stoppée nette cette semaine.

Miracle. Officiellement, on continue à nier l’évidence. Mais, dans l’entourage du président-candidat, on a conscience de l’immense difficulté. Un membre de l’équipe de campagne dresse le tableau : «Pour espérer encore avoir une chance, il nous faut au moins 30% au premier tour, un écart de trois points avec Hollande et des sondages de sortie d’urnes qui nous mettent à 52/48.» Autant dire un miracle. Alors, les langues commencent à se délier. Dans l’entourage du chef de l’Etat, certains font remarquer que cette rechute dans les sondages «n’est pas très étonnante». «Aujourd’hui, on n’a pas le meilleur de Sarkozy, il a perdu de sa dimension présidentielle en voulant cogner systématiquement sur François Hollande. Ce n’est pas encore perdu, mais s’il se remet à faire le mec arrogant, agressif, alors là c’est plié.» Un fidèle du premier cercle ne dit pas autre chose : «On a été plusieurs à l’alerter que la répétition des coups de boutoir contre Hollande pouvait lui faire du mal. Les médias ne retiennent plus que ça, plus rien n’imprime d’autre.» Résultat, depuis le début de semaine, les attaques sont (un peu) moins brutales. Et le candidat a ressorti son costume de Président. Jeudi pour la première fois depuis son quinquennat, il a convié trois journalistes à assister aux premières minutes de sa vidéoconférence avec Barack Obama. Juste pour qu’on l’entende dire «we will win, Mister Obama, you and me, together». Vendredi en Corse et samedi dans les Pyrénées-Orientales, il est successivement Président et candidat. Comme si le dernier avait un besoin vital du premier. Au QG, on conteste qu’il y ait «un problème de ligne, voir un changement de lignes». Il y a juste des couacs. Et des engueulades. La semaine dernière, Sarkozy a pesté contre ses clips de campagne qui ne lui convenaient pas. Cette semaine, c’est Xavier Musca, le secrétaire général de l’Elysée, qui a poussé une colère contre le QG qui pensait bien faire en annonçant «la fin de la crise financière». Aujourd’hui, signe que la campagne se cherche une direction, on entend dans l’entourage de Sarkozy tout et son contraire. «La ligne de Patrick Buisson [celle qui mise sur la sécurité et l’immigration, ndlr] est arrivée en bout de course», confie un proche. «Maintenant, qu’on a fait ce choix de stratégie, il faut tenir jusqu’au bout», contredit un membre de l’équipe du QG pas franchement buissonien. Résultat, ça flotte franchement.

Fétiche. «Pourquoi faire des appels du pied répétés à Bayrou à une semaine du premier tour ? On veut que le FN remonte ?» s’interroge un proche. Les jours qui viennent seront durs. L’égalité de traitement médiatique fait très mal au candidat de la majorité. «Le problème est que la popularité de Sarkozy est très élastique, selon sa présence médiatique. Si on le voit moins, sa cote baisse», dit-on dans son entourage. A quoi s’en remettre ? Dimanche, place de la Concorde, Sarkozy a tenu à ce que Claude Allègre, l’ex-ministre de l’Education de Jospin, vienne parler. A la recherche de son fétiche, Sarkozy veut son Eric Besson de 2012. Signe que ça va vraiment mal.

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