Chine: une église officielle s’insurge contre un projet d’interdiction des croix

Une église chinoise reconnue par l’Etat s’est insurgée contre un projet provincial visant à restreindre la présence et la taille des croix sur les lieux de culte chrétiens, à la suite d’une vague de destructions d’églises et d’emblèmes religieux dans la région.

Les autorités de la province du Zhejiang (est), qui abrite une importante et dynamique communauté chrétienne, ont récemment publié un projet de réglementation exigeant que soient retirées les croix surplombant les toits des églises et temples de la région.

Le symbole chrétien serait désormais toléré seulement au milieu de la façade, et avec des restrictions drastiques en termes de dimension, la croix ne devant pas mesurer plus d’un dixième de la hauteur du bâtiment, ont rapporté des médias étatiques.

Pour l’église Chongyi à Hangzhou, la capitale provinciale, "ces nouveaux règlements se traduiront par des exigences déraisonnables pour les bâtiments catholiques et protestants".

Le site internet de Chongyi, le plus important lieu de culte de l’Eglise protestante à Hangzhou, était inaccessible vendredi.

Ces critiques, très rares venant d’un lieu de culte approuvé et contrôlé par l’Etat chinois, s’exprimaient dans un texte au ton très vif diffusé cette semaine via les réseaux sociaux.

Ce projet de règlement "interfère excessivement avec la liberté d’utiliser raisonnablement les lieux de culte, et il contrevient à l’esprit fondamental de la gestion des affaires religieuses par l’Etat", poursuivait ce texte adressé au gouvernement.

Les autorités ont déjà fait retirer le mois dernier les croix surmontant douze églises dans la municipalité de Lishui, également dans la province du Zhejiang, a rapporté l’ONG basé aux Etats-Unis China Aid Association.

Un pasteur chrétien a par ailleurs été condamné en mars à un an d’emprisonnement par un tribunal chinois pour "troubles à l’ordre public" après s’être opposé au décrochage de la croix du toit de son église dans le district de Pingyang.

Ces nouvelles restrictions confirment un brutal durcissement des autorités provinciales du Zhejiang, depuis la destruction en avril 2014 d’une église protestante monumentale à Wenzhou, qualifiée de "construction illégale".

En Chine, les pratiques religieuses demeurent étroitement encadrées par le Parti communiste chinois, qui redoute l’émergence de contre-pouvoirs et voit d’un mauvais oeil l’essor impressionnant des conversions chrétiennes dans le pays.

Les adeptes des différents cultes reconnus ne peuvent officiellement se réunir que dans des lieux dûment approuvés.

Le Conseil chrétien de Chine, organisation émanant du gouvernement central, estime qu’il y a environ 20 millions de chrétiens dans le pays –chiffre ne comprenant pas les catholiques–.

Mais avec l’"église souterraine" prospérant en-dehors des organisations officielles, la communauté chrétienne chinoise pourrait au total comprendre entre 40 et 60 millions de personnes, selon certaines estimations.

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