Bouteflika et la terrible envie d’un quatrième mandat

Lorsqu’en Juillet dernier, Abdelaziz Bouteflika est rentré chez lui après un séjour de 80 jours dans un hôpital parisien, très rares étaient les observateurs qui misaient sur une possible relance politique. Une belle unanimité se dégageait pour affirmer que si l’homme n’était pas préparé à abandonner volontairement le pouvoir, la nature impitoyable et l’usure du temps allaient faire leur œuvre et précipiter une alternance tant attendue depuis que les sociétés arabes ont commencé à produire une dynamique de changement et une aspiration à la démocratie.

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Cette conviction était profondément installée à la lumière de la guerre d’information que se sont livrés les réseaux algériens pour communiquer sur la maladie présidentielle. Tandis que les plus fidèles se sont enfermés dans un autisme ravageur, ne voyant dans la maladie présidentielle qu’une péripétie de parcours, d’autres plus ambitieux se sont précipités à enterrer vivant Abdelaziz Bouteflika, se projetant dans la séquence d’après.

Les impatients avaient des raisons solides de croire que le changement naturel est à portée de main. La posture de Bouteflika, aux discours hachés, aux apparitions rigides, la plus part du temps en robe de chambre, à l’agenda fantôme, donnait l’impression que l’homme était en train de cuver ses dernières heures, seul avec sa maladie et son premier cercle de fidèles. Et la question qui était sur toutes les lèvres dans les salons algériens de Paris et d’Alger: un tel homme dans une telle situation peut-il encore non pas briguer un quatrième mandat mais finir le troisième dans des conditions qui honorent et respectent la dignité de la fonction présidentielle?…Ceux qui ont posé cette interrogation à haute voix, comme les anciens premier ministre Ahmed Ouyahia et Ali Benflis, allaient en payer le prix fort.

De retour en Algérie et alors que l’on le croyait terrassé par la maladie, Abdelaziz Bouteflika a pris un certain nombre de décisions qui indiquent non seulement sa détermination à rester au pouvoir mais à le prolonger vers un possible quatrième mandat. Cela avait commencé par le décision d’imposer un fidèle, Amar Saadani, à la tête de cette toujours grande machine à produire de la légitimité qu’est le FLN. Cela s’est poursuivi par la nomination de Mourad Medelci à la tête du conseil constitutionnel, une pièces maîtresse dans les possibles tripotages de pouvoir. Cela s’est poursuivi par la nomination de fidèles aux postes sensibles du gouvernement et l’éloignement des récalcitrants à travers un surprenant remaniement gouvernemental. Ce geste a pris l’ensemble de la classe politique algérienne de court. Cela terminé en feux d’artifices en " relocalisant" les puissants services de sécurités sous la direction de hiérarques fidèles.

Pour un homme décrit par la presse algérienne comme "impotent et grabataire", cela fait beaucoup de décisions et de changements. Ceux qui avaient des doutes sur la détermination de Abdelaziz Bouteflika de prolonger sa résidence au Palais de la Mouradia, ont du les ravaler et devoir composer avec cette nouvelle réalité: le président algérien n’a pas l’intention de lâcher le pouvoir ni de prendre sa retraite.

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