A Davos, les Premiers ministres tunisien et marocain cherchent soutien et investissements

A Davos, les Premiers ministres tunisien et marocain cherchent soutien et investissements
Après leur victoire aux élections, les Premiers ministres islamistes tunisien et marocain, Hamadi Jebali et Abdelilah Benkirane, à peine investis, ont lancé vendredi à Davos un appel pour soutenir la démocratie naissante en Tunisie et les réformes au Maroc.

Les deux chefs de gouvernement avaient choisi le Forum économique mondial et ses financiers pour leur premier voyage en Europe depuis leur prise de fonction.

"J’en appelle ici à Davos à ceux qui nous écoutent. Nous demandons un soutien car nos propres moyens ne sont pas suffisants", a déclaré M. Jebali, lors d’un débat sur la gouvernance en Afrique du Nord, après les bouleversements des printemps arabes qui ont abouti à la victoire de partis islamistes aux élections en Tunisie, en Egypte et au Maroc.

"Nous avons compté sur nos propres forces. Nous comptons sur l’appui de nos amis en Europe et aux Etats-Unis. La Tunisie est un pays ouvert à tous ses voisins, notamment européens", a poursuivi M. Jebali.

Il a évoqué l’héritage "du lourd passé de la dictature" de l’ex-président Bel Ali: 800.000 chô meurs, 75.000 jeunes qui quittent chaque année l’université pour se retrouver au chô mage, un cinquième de la population vivant dans la pauvreté et 400.000 Tunisiens, surtout des jeunes, qui ne gagnent guère plus qu’un euro par jour.

"J’espère que ces circonstances ne vont pas empêcher le développement politique", a-t-il dit.

Le Premier ministre tunisien qui dirige depuis le 23 décembre le gouvernement dominé par son parti islamiste, Ennahda, vainqueur des élections du 23 octobre, a cependant tenu à rassurer son auditoire sur l’avenir de son pays: "C’est la première fois que nous pouvons construire un Etat démocratique avec pour première étape une constitution qui va asseoir notre démocratie", a-t-il affirmé. "Ce sera une soupape de sécurité contre un retour en arrière", a-t-il dit.

"La Tunisie a bon espoir pour l’avenir de ces printemps arabes et la paix mondiale", a-t-il assuré.

M. Benkirane, intervenant dans le même débat, s’est lui aussi adressé aux investisseurs, en soulignant que le Maroc avait eu une trajectoire différente des autres pays d’Afrique du Nord.

En Tunisie et en Egypte, "l’explosion était inévitable", ces pays étant dominés par "une main de fer" et des élites corrompues, a-t-il estimé.

"Au Maroc, les réformes avaient déjà commencé, il y a une vingtaine d’années" et le pays a connu une "révolution plus tiède" mais "le changement est en cours" pour "conduire des réformes au service des pauvres et des nécessiteux", a dit le Premier ministre ministre marocain dont le gouvernement a été investi jeudi par le Parlement.

Il s’est voulu rassurant: "Nous sommes très ouverts. Nous pouvons mieux garantir vos intérêts et investissements que par le passé. Que voulez-vous de plus ?".

"Nous avons des intérêts complémentaires. Nous avons besoin de ces investissements. Nous les cherchons", a-t-il ajouté.

L’appui des pays occidentaux aux nouveaux régimes a cependant été conditionné au respect des droits de l’homme et de la femme dans ces pays.

Sur la situation des femmes, M. Jebali s’est aussi employé à rassurer: "Nous ne pouvons pas défendre une démocratie amputée. Nous ne pouvons pas bâtir une société sur une moitié de la population".

Il a rappelé que la future constitution tunisienne devrait garantir l’absence de discriminations. "Je ne sais pas ce que vous voulez de plus", a-t-il dit en réponse à la question d’une intervenante.

M. Benkirane, lui, a préféré évoquer la question des "extrémistes". "Il faut les faire sortir du bois (…), les faire participer à la vie politique et les faire devenir modérés".

"Quand nous étions jeunes, nous étions aussi extrémistes dans nos idées, puis nous sommes devenus réalistes et nous avons modéré nos opinions", a-t-il dit. "Mais quand je vous demande de ne pas me servir de l’alcool, suis-je extrémiste pour autant!", s’est-il exclamé.

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