Yémen: l’ONU relance des pourparlers sur fond de trêve fragile

Les Nations unies relancent lundi à Koweït de difficiles pourparlers de paix sur le Yémen où les belligérants peinent à respecter une trêve dans les combats qui n’ont jamais cessé en treize mois.

Depuis son entrée en vigueur lundi, le cessez-le-feu a été violé à maintes reprises mais les rebelles chiites appuyés par l’Iran, le gouvernement yéménite soutenu par l’Arabie saoudite et les Nations unies, qui ont parrainé cette trêve, évitent de parler de son effondrement, comme ce fut le cas pour les trois précédentes.

Combats au sol, duels d’artillerie, tirs de missile et raids aériens de la coalition arabe sous commandement saoudien, qui agit au Yémen en soutien au gouvernement, mettent à mal chaque jour le cessez-le-feu.

En outre, des comités formés pour appliquer la trêve sur le terrain n’ont pas réellement commencé à travailler. A elles seules, les forces loyalistes ont perdu 35 soldats durant les trois premiers jours du cessez-le-feu, selon des sources militaires.

"Il y a eu un nombre inquiétant de violations graves", a admis le médiateur de l’ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed vendredi devant le Conseil de sécurité, tout en soulignant une "baisse notable" du niveau de violence dans "la majorité" des régions.

"Nous n’avons jamais été aussi proches de la paix" au Yémen, a-t-il assuré, en confirmant que le nouveau round de négociations à partir de lundi avait "pour objectif d’obtenir un accord global" et que sa réussite exigeait "des compromis difficiles".

Le dernier round de pourparlers interyéménites en décembre en Suisse n’avait donné aucun résultat tangible et, à Koweït, "on peut s’attendre à un moment difficile", déclare à l’AFP April Longley Alley, spécialiste du Yémen à l’International Crisis Group (ICG).

"Dans le meilleur des cas, les deux parties auront à s’entendre sur une série de compromis permettant de bâtir la confiance, de consolider le cessez-le-feu, de favoriser le retour à Sanaa d’un gouvernement inclusif et de relancer le processus politique", ajoute l’analyste.

"Mais la tâche s’annonce lourde", prévient-elle en rappelant que les deux parties restent fondamentalement opposées sur les "questions de substance".

D’une part, le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi insiste sur la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l’ONU.

Si elle est mise en oeuvre "de manière rigide", cette résolution équivaudrait à une "reddition des Houthis et de (leurs alliés, des partisans de l’ex-président Ali Abdallah Saleh), ce qui est irréaliste", estime April Longley Alley.

La résolution 2216 prévoit le retrait des rebelles de toutes les zones qu’ils occupent, y compris la capitale Sanaa, depuis qu’ils ont lancé leur campagne militaire en 2014, la restitution des armes lourdes à l’Etat et la relance du processus politique.

D’autre part, il n’est pas certain que les rebelles acceptent de démanteler leurs "conseils révolutionnaires" et se résignent au retour à Sanaa d’un gouvernement incluant toutes les parties, souligne l’experte de l’ICG.

Le plus important, selon elle, serait de parvenir à "des arrangements de sécurité acceptés par les deux parties", qui ouvriraient la voie à un gouvernement "inclusif" à Sanaa et à l’amorce d’un processus de désarmement des Houthis.

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