Yémen: 20 soldats tués dans le sud, une source militaire accuse Al-Qaïda

Au moins vingt soldats ont été tués samedi dans une embuscade tendue par des combattants d’Al-Qaïda dans le sud du Yémen, a-t-on appris de source militaire, mais le groupe jihadiste a démenti être responsable de la tuerie.

"Des membres armés d’Al-Qaïda ont tendu une embuscade à un groupe de jeunes soldats circulant à bord de trois véhicules civils dans la province d’Abyane, tuant au moins 20 d’entre eux", a déclaré la source, qui a requis l’anonymat.

Le bilan de 20 morts a été confirmée à l’AFP par des sources médicales, selon lesquelles l’attaque a fait aussi 17 blessés.

"Les jihadistes ont fait descendre les soldats pour les abattre collectivement tôt le matin à Ahwar", une ville côtière, a ajouté la source militaire.

Selon elle, les soldats faisaient route vers un camp militaire au Hadramout, la province voisine dont le chef-lieu, Moukalla, est contrôlé depuis un an par les jihadistes d’Al-Qaïda.

La source militaire a indiqué que les hommes abattus étaient de nouvelles recrues de la jeune armée, que le gouvernement reconnu internationalement tente de mettre sur place pour rétablir la sécurité dans les zones sous son contrôle.

Mais Ansar Al-Sharia, l’appellation locale d’Al-Qaïda, a nié être responsable de la tuerie.

"Nous démentons, nous Ansar Al-Sharia, avoir un quelconque rapport avec la tuerie de samedi matin à Ahwar", a écrit le groupe dans un communiqué remis à des médias yéménites, accusant un dignitaire tribal local d’en être responsable.

Le Yémen est en proie au chaos depuis l’entrée en septembre 2014 dans la capitale Sanaa de rebelles chiites Houthis, accusés par l’Arabie sunnite de liens avec l’Iran chiite. Ces insurgés ont ensuite pris le contrôle d’autres régions, dont certaines ont été reprises par l’armée.

Le conflit s’est aggravé avec l’intervention en mars 2015 d’une coalition militaire arabe, conduite par Ryad, en soutien au gouvernement internationalement reconnu.

Les jihadistes d’Al-Qaïda et ceux du groupe État islamique (EI) en ont profité pour renforcer leur emprise sur le sud et le sud-est du Yémen.

Les attaques, revendiquées ou attribuées à des groupes jihadistes, contre des symboles de l’État se sont multipliées ces derniers mois dans le Sud, dans une apparente tentative d’entraver les efforts du gouvernement de remettre sur pied l’armée et les forces de sécurité.

Après avoir longuement ignoré cette présence, les forces régulières et la coalition arabe ont commencé récemment des opérations militaires contre les groupes jihadistes.

A la mi-février, un attentat revendiqué par l’EI avait fait au moins 14 morts dans un camp militaire à Aden, la grande ville du Sud, où de jeunes recrues suivaient un cycle de formation, selon des sources militaires.

Dans la province de Marib, à l’est de Sanaa, de violents combats opposaient samedi, pour le deuxième jour consécutif, forces loyalistes et rebelles Houthis, selon des sources militaires.

Et dans la région de Nahm, au nord-est de Sanaa, trois combattants loyalistes et quatre rebelles ont été tués dans de nouveaux affrontements samedi, selon une autre source militaire.

Ces violences interviennent alors qu’un cessez-le-feu devrait entrer en vigueur dimanche à minuit, en prévision de pourparlers de paix convoqués par l’ONU pour le 18 avril au Koweït.

Un combattant loyaliste, Ahmed al-Chalafi, s’est montré sceptique sur un réel engagement des rebelles à respecter cette trêve.

"Comment vont-ils observer un cessez-le-feu alors qu’ils continuent de nous agresser", a-t-il confié à l’AFP, ajoutant que les deux parties avaient acheminé samedi de nouveaux renforts militaires sur le front à Sarwah (à l’ouest de Marib), un jour avant la trêve.

Selon l’ONU, les hostilités au Yémen ont coûté la vie à près de 6.300 personnes depuis un an, pour moitié des civils.

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