Washington sous très haute sécurité pour un rassemblement de néonazis

La police américaine a placé dimanche sous très haute sécurité les environs de la Maison Blanche, où ont commencé à se rassembler un petit groupe de sympathisants néonazis et des centaines de contre-manifestants un an après les incidents meurtriers de Charlottesville, symbole d’une extrême droite décomplexée sous Donald Trump.

Une vingtaine de suprémacistes blancs sont arrivés dans l’après-midi dans une station de métro du centre de Washington.

Parmi eux figuraient Jason Kessler, organisateur de l’événement et déjà à l’origine du rassemblement de l’an dernier à Charlottesville.

Les manifestants ont été accueillis par au moins 300 militants antiracistes qui leur ont crié "Honte à vous" et "Partez de ma ville".

Escortés par de nombreux policiers, les sympathisants néonazis ont ensuite fait route vers le lieu prévu du rassemblement.

L’organisation informelle "Unite the Right", qui était à l’origine du rassemblement de Charlottesville (Virginie), a reçu l’autorisation de réunir 400 personnes dans le square Lafayette, devant la résidence présidentielle, à partir de 17H30 et durant deux heures seulement.

Il n’était pas encore clair si davantage de sympathisants néonazis devaient se joindre au petit groupe déjà arrivé.

Pour empêcher tout contact entre manifestants et contre-manifestants, un important dispositif policier a été mis en place, avec plusieurs artères interdites à la circulation.

"Non aux nazis"

Des centaines de contre-manifestants, dont des antifas, avaient commencé à se rassembler dès le début d’après-midi, brandissant notamment des pancartes disant "Non aux nazis, non au Ku Klux Klan, non à une Amérique fasciste".

Certains "disent que la meilleure stratégie, c’est d’ignorer les suprémacistes blancs, que nous leur accordons trop d’attention. Mais nous pensons vraiment que ce serait une énorme erreur de laisser des fascistes battre le pavé dans la capitale du pays, sans opposition", a dit à l’AFP Kei Pritsker, 22 ans, une volontaire de Answer Coalition, un groupe antiraciste.

Un autre contre-manifestant, un Américain noir qui a seulement donné son prénom –Jim– a dit avoir le sentiment que les Etats-Unis étaient plus racistes sous Donald Trump.

"Ça a enhardi les mecs blancs. Quand ils marchent sur le trottoir, leur position c’est +tu as intérêt à bouger de mon chemin+", a-t-il dit à l’AFP. "C’était subtil, ça ne l’est plus, tu le prends en pleine face. C’est comme l’Allemagne nazie".

Unite the Right a dit à ses partisans de ne ramener que des drapeaux américains ou confédérés, et de ne pas répondre "avec colère" aux "provocations".

Les armes à feu ont été interdites sur les lieux de la manifestation, même pour les personnes ayant des permis.
Blancs s’estimant "sous-représentés"

Initiateur de la manifestation de l’an dernier, Jason Kessler avait demandé à défiler de nouveau à Charlottesville, mais la municipalité a refusé.

La petite cité de Virginie, située à moins de 200 km au sud de Washington, ne voulait pas revivre les évènements du 12 août 2017.

Après une manifestation pour protester contre le projet de la municipalité de déboulonner une statue du général confédéré Robert E. Lee, des heurts avaient éclaté entre suprémacistes blancs et contre-manifestants.

Un sympathisant néonazi avait alors foncé en voiture dans une foule de manifestants antiracistes, tuant une jeune femme de 32 ans, Heather Heyer, et faisant 19 blessés.

Dans un entretien à la radio publique NPR diffusé vendredi, Jason Kessler a exprimé le souhait que l’événement de dimanche soit "apaisé" et pris publiquement ses distances avec la mouvance néonazie.

"Je ne veux pas de néonazis à mon rassemblement", a-t-il assuré, "ils ne sont pas les bienvenus".

Il a néanmoins expliqué vouloir défendre les droits de la population blanche, qu’il estime "sous-représentée".

L’activiste a également repris à son compte la théorie générale de l’auteur américain Charles Murray, pour qui les capacités intellectuelles sont fonction de l’origine ethnique.

La fille du président, Ivanka Trump, a de son côté écrit sur Twitter qu’il n’y avait "pas de place pour le suprémacisme blanc, le racisme et le néonazisme dans notre grand pays".

Elle est ainsi allée plus loin que son père, qui avait dit samedi "condamner tous les types de racisme et actes de violence", mais sans désigner l’extrême droite ou les néonazis.

De nombreux observateurs reprochent à Donald Trump d’avoir favorisé, durant sa campagne et depuis sa victoire électorale, l’émergence d’un discours extrémiste pro-blanc décomplexé.

A Charlottesville, même si aucune manifestation n’a été autorisée, les autorités ont pris d’importantes mesures de sécurité, après avoir été débordées lors des heurts du 12 août 2017.

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