Vols de reconnaissance de la France au-dessus de la Libye

La France a mené fin novembre des vols de reconnaissance depuis son porte-avions Charles-de-Gaulle au-dessus de la ville libyenne de Syrte, contrôlée par l’Etat islamique, et prévoit d’en mener de nouveaux, selon un dossier de presse de l’Elysée.

Le porte-avions a conduit "une première phase d’opérations les 20 et 21 novembre en Libye (deux missions ISR dans les régions de Syrte et de Tobrouk)", peut-on lire dans ce document transmis vendredi à l’occasion du déplacement de François Hollande sur le Charles-de-Gaulle.

"Des vols ISR (Intelligence Surveillance et Reconnaissance- NDLR) en Libye sont (….) planifiés", ajoute ce document.

Le chaos qui s’est installé progressivement en Libye après le renversement du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 a profité entre autres à l’Etat islamique (EI) qui a gagné du terrain et contrôle la ville de Syrte.

Selon un récent rapport d’un groupe d’experts de l’Onu, il y aurait entre 2.000 et 3.000 combattants locaux de l’EI en Libye, dont 1.500 à Syrte, située à 450 km à l’est de Tripoli.

La Libye abrite des camps d’entraînement à partir desquels ont été fomentés des attentats, notamment celui du musée du Bardo à Tunis en mars et celui contre un hôtel de la station balnéaire de Sousse en juin.

Engagée en Irak et en Syrie contre l’EI, la France écarte pour l’heure l’option militaire en Libye. Elle a toutefois installé une base militaire temporaire à Madama, dans le nord-est du Niger, à proximité de la frontière libyenne.

La France, comme les autres pays européens, redoute que des djihadistes de Libye se mêlent aux migrants qui traversent la Méditerranée pour rejoindre l’Italie puis d’autres pays de l’Union européenne.

Fin novembre, Jean-Yves Le Drian, qui alerte depuis plus d’un an sur la situation en Libye, avait exprimé une nouvelle fois son inquiétude face à la progression des djihadistes.

"La Libye me préoccupe beaucoup", déclarait le ministre de la Défense dans le Grand Rendez-vous Europe 1-Le Monde-iTELE. "

"Daech prend des territoires à partir de Syrte et essaye de descendre vers des ressources pétrolières."

Au ministère de la Défense, on évoquait la semaine dernière une situation "d’urgence".

"Dans un environnement très morcelé, avec 3.000 hommes, on peut faire énormément de dégâts très vite", souligne-t-on dans l’entourage du ministre où l’on observe un phénomène de "réaffectation des flux".

"On voit que les flux de combattants des pays du Maghreb se dirige beaucoup plus nettement vers la Libye que par le passé", souligne-t-on. "On voit également revenir des Libyens engagés dans l’EI en Syrie qui viennent se réimplanter en Libye".

L’Etat islamique profite du chaos qui règne dans le pays où deux gouvernements rivaux et leurs factions armées s’affrontent pour le contrôle du territoire.

"Si un gouvernement d’union nationale se met en place, avec sans doute du soutien international, il y a les forces pour reprendre les zones qui sont en train de se développer comme des sanctuaires de Daech, sur la côte autour de Syrte et de plus en plus vers le sud", souligne-t-on à Paris.

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