Une vidéo de Marines américains urinant sur des talibans morts fait scandale

Les Marines américains ont annoncé l’ouverture d’une enquête sur une vidéo montrant quatre soldats en uniforme de combat de l’unité d’élite américaine en train d’uriner sur les cadavres de trois combattants talibans en Afghanistan.

La force de l’OTAN en Afghanistan a vivement condamné jeudi le comportement "inexplicable" de soldats américains qui auraient uriné sur des talibans morts, selon une vidéo circulant sur Internet.

La vidéo montre quatre hommes portant l’uniforme de soldats américains qui urinent sur les cadavres de trois hommes semblent être des talibans, tout en faisant des commentaires méprisants.

Le président Hamid Karzaï a condamné un comportement "complètement inhumain" et exhorté l’armée américaine à châtier les coupables. Le ministère afghan de la Défense a jugé la vidéo "choquante".

"Cet acte irrespectueux est inexplicable et ne correspond pas aux hautes valeurs morales que nous attendons des forces de la coalition", a déclaré pour sa part la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) dans un communiqué.

Ces actes "semblent avoir été commis par un petit groupe d’individus américains qui apparemment ne sont plus en mission en Afghanistan", ajoute l’OTAN, sans fournir plus de précisions.

Le Corps des Marines a annoncé mercredi soir qu’il avait ouvert une enquête et que ni l’authenticité, ni l’origine de la vidéo n’avaient été établies. L’affaire a été confiée au Service d’enquêtes criminelles de la marine (NCIS), selon son porte-parole, Ed Buice.

A Washington, le Conseil des relations islamico-américaines, une influente organisation de défense des droits civiques, a condamné "cette apparente désacration des morts qui constitue une violation du code militaire de notre pays et des lois internationales de la guerre interdisant de telles actions dégoûtantes et immorales".

"Si son authenticité est avérée, cette vidéo montre un comportement qui est totalement indigne du personnel militaire américain et pourrait en fin de compte mettre en danger d’autres soldats et civils", ajoute l’organisation dans une lettre faxée au ministre de la Défense, Leon Panetta.

Le quartier général des Marines au Pentagone a également condamné le comportement exposé dans la vidéo. "Ces actions ne correspondent pas à nos valeurs profondes et ne sont pas représentatives de la personnalité des Marines de notre Corps. Une enquête exhaustive sera conduite", a-t-il fait savoir.

Un porte-parole du Corps des Marines, le lieutenant-colonel Stewart Upton, a ajouté que "les allégations de comportement anormal de Marines envers des insurgés talibans morts sont très graves et, si elles s’avèrent fondées, représentent un échec à respecter les hautes valeurs que l’on attend du personnel militaire américain".

"Qui que ce soit, quelles que soient les circonstances (…), c’est un comportement intolérable", a réagi un porte-parole du Pentagone, le capitaine de marine John Kirby.

La diffusion de la vidéo alors que circulent depuis plusieurs mois des rumeurs de possibles négociations de paix au Qatar entre la coalition internationale sous direction américaine et les talibans.

L’aile politique du mouvement fondamentaliste a fait savoir jeudi dans un communiqué qu’il était prêt à participer à des négociations pour mettre fin à dix ans de guerre en Afghanistan mais que la lutte armée continuerait parallèlement.

Le porte-parole des talibans, Zabiullah Mujahid, a déclaré que ces derniers combattaient depuis 15 ans pour instaurer un gouvernement islamique en Afghanistan, "conformément à la demande du peuple", et qu’ils souhaitaient "la paix et la stabilité" mais qu’un accord international en ce sens "ne signifie pas l’abandon de la guerre sainte ni l’acceptation de (…) l’administration fantoche de Kaboul".

L’une des conditions à la réconciliation posées par Kaboul et la communauté internationale est que les fondamentalistes armés reconnaissent la Constitution afghane et donc le gouvernement, que les talibans considèrent comme la marionnette de l’Occident.

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Rodham Clinton a semblé admettre mercredi que les Etats-Unis tentaient de lancer un processus de paix avec les talibans. Ils ont noué leurs propres contacts avec des représentants des fondamentaliste depuis un an et envisagent notamment de libérer des djihadistes détenus à Guantanamo en geste de bonne volonté.

Mme Clinton a également suggéré des progrès vers l’ouverture d’un bureau politique de représentation des talibans au Qatar. Elle a toutefois souligné que tout accord de partage exigerait que les talibans déposent les armes, rompent avec Al-Qaïda et respectent la Constitution afghane, y compris ses dispositions garantissant les droits des femmes et des minorités ethniques ou religieuses.

Les Etats-Unis et leurs alliés dans la coalition internationale ont prévu le retrait de la plupart de leurs forces de combat en 2014, date à laquelle l’armée et la police afghanes seront censées assurer la sécurité du pays.

La résistance de l’insurrection aux troupes étrangères, malgré leur renforcement depuis deux ans et leur supériorité tant en nombre qu’en armement, fait craindre que les talibans n’exploitent le départ prévu des quelque 130.000 hommes de l’ISAF pour reprendre de vastes portions du sud et de l’est de l’Afghanistan.

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