Une guerre en Libye pousserait plus de 800.000 migrants en Europe, prévient Sarraj

Une guerre en Libye pourrait pousser plus de 800.000 migrants vers les côtes européennes, a prévenu lundi Fayez al-Sarraj, le chef du Gouvernement d’union nationale (GNA), dans des entretiens à deux journaux italiens.

"Il n’y aurait pas seulement 800.000 migrants potentiellement prêts à partir, il y aurait les Libyens fuyant cette guerre, tandis que dans le sud de la Libye les terroristes (du groupe) de l’EI (Etat islamique) ont repris leurs actions", a martelé M. Sarraj au quotidien La Republicca.

La Libye est un pays de destination et de transit vers les côtes européennes pour des migrants africains, qui y seraient plusieurs centaines de milliers.

Dans la soirée, le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, a reçu le vice-Premier ministre du GNA, Ahmed Meitig.

M. Conte "a souligné la nécessité que les forces de l’ANL (l’Armée nationale libyenne, autoproclamée par le maréchal Haftar) se retirent et a exhorté toutes les parties concernées à conclure rapidement un cessez-le-feu et une trève humanitaire", avant la mise en place d’une solution politique, a annoncé le bureau du chef du gouvernement italien.

Dans une interview à La Repubblica lundi matin, M. Meitag avait cependant dénoncé un "coup d’Etat" de Khalifa Haftar qui va selon lui plonger le pays dans "une guerre civile de 30 ans" et a mis en garde la communauté internationale contre toute tentative de négociation avec lui.

"Nous sommes face à une guerre d’agressions qui pourra diffuser son cancer dans toute la Méditerranée", a pour sa part insisté M. Sarraj. "L’Italie et l’Europe doivent être unies et fermes pour bloquer la guerre d’agression de Khalifa Haftar, un homme qui a trahi la Libye et la communauté internationale", a-t-il ajouté.

De combats violents opposent depuis le 4 avril dans la banlieue sud de Tripoli les forces du Gouvernement d’union nationale, reconnu par la communauté internationale, à l’Armée nationale libyenne autoproclamée du maréchal Haftar, l’homme fort de l’est libyen, qui souhaite s’emparer de la capitale, le siège du GNA.

"Le général Haftar dit qu’il attaque les terroristes, mais ici il n’y a que des civils", a aussi affirmé M. Sarraj au Corriere della sera. "Ils sont en train d’attaquer les structures civiles, les routes, les écoles, les maisons, l’aéroport et les structures médicales: ambulances et hôpitaux".

Alors que le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini (extrême droite), martèle depuis plusieurs jours que les ports italiens resteront fermés, le vice-Premier ministre Luigi Di Maio a immédiatement réagi aux propos de M. Sarraj: "Nous ne permettrons jamais que 800.000 migrants arrivent en Italie".

M. Di Maio a aussi répété qu’en matière migratoire, l’ensemble de l’Europe devait intervenir à travers "une politique de redistribution des migrants" et "une politique de coopération pour stabiliser la Libye".

L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a pour sa part assuré sur les réseaux sociaux qu’il était "impossible de prédire le nombre de personnes qui pourraient partir de Libye". "Actuellement la préoccupation est pour la sécurité des civils et des migrants dans le pays", a-t-elle ajouté.

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. J'accepte Lire la suite