Une force arabe commune …un projet séduisant et difficile

L’idée d’une force arabe commune a été adoptée par les instances de la ligue arabe qui tente depuis le 29 mars dernier de mettre sur pied sa structure et ses mécanismes. Il s’agit de la fameuse force arabe commune destinée à intervenir sur des théâtres d’opération arabes pour anticiper le chaos, s’interposer dans les conflits et éradiquer la menace terroriste. Ce projet a acquis une grande pertinence depuis que l’ensemble de la région est sous la menace déstabilisatrice de l’organisation terroriste « l’État islamique ».

Par Mustapha Tossa

Loin de faire l’unanimité, L’Algérie et le sultanat d’Oman s’y opposent, la faisabilité technique d’une telle force semble à portée de main. La coalition internationale mise sur pied par l’Arabie saoudite pour mater la progression des Houthis sous parrainage iranien, peut être considérée comme un galop d’essai et un premier noyau à cette force. Le grand obstacle qui se dresse devant elle est davantage politique que militaire ou structurel. Il ne s’agit ni plus ni moins que de définir une doctrine politique et sécuritaire cohérente avec des choix de théâtres d’intervention pertinents.

Sur ce plan, deux crises semblent montrer les limites opérationnelles d’un tel projet. D’abord la crise syrienne. Les connaisseurs des arcanes de la Ligue arabe la pressentent comme premier possible théâtre d’intervention de cette force. Avec cette lancinante question: Faut-il le faire avec la bénédiction et la participation du régime syrien ? Dans ce cas l’opération légitimation de Bachar al Assad est inévitable. Ou sans lui et la politique du "Régime change" à l’américaine est aux aguets avec ses prévisibles et dangereuses conséquences.

La seconde crise sur laquelle cette force est susceptible de se déployer est la Libye. Là aussi les ambiguïtés, les hésitations et les divergences sont grandes. Au sein des pays arabes, certains prêchent l’intervention militaire avec enthousiasme, car le chaos libyen a une dangereuse capacité de contagion. D’autres s’y opposent farouchement pour des diverses raisons. Sauf à forcer le destin, une force arabe commune restera impuissance face à l’anarchie libyenne.

Même si publiquement elles ne le disent pas, les puissances occidentales peuvent voir d’un très bon œil la formation d’une telle force arabe. Efficace et bien utilisée, elle peut épouser facilement leur doctrine du moment de ne pas déployer des forces occidentales terrestre au Proche orient et accepter, comme une nécessité stratégique, que la guerre contre Daech soit sous-traitée aux forces arabes.

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