Une députée française interpellée en Algérie, libérée sur intervention de Jean-Yves le Drian

Une députée française de la gauche radicale, Mathilde Panot, a été brièvement interpellée mardi en Algérie où elle s’est rendue pour "rencontrer des acteurs et actrices du mouvement populaire" de contestation qui secoue le pays depuis février.

Interpellée mardi à Bejaïa, à 220 kilomètres à l’est d’Alger, l’élue de la France Insoumise (LFI) en Val-de-Marne (région parisienne) a été ramenée "sous escorte" dans la capitale algérienne où "elle a été placée sous surveillance dans un hôtel", selon son groupe à l’Assemblée nationale.

Après une intervention du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian, elle a gagné l’aéroport d’Alger avec sa délégation d’où elle devait repartir dans la soirée pour la France, a précisé le groupe LFI.

Mathilde Panot a affirmé dans un communiqué avoir été arrêtée et conduite dans un commissariat de Bejaïa après un échange avec des étudiants et professeurs ayant participé à une marche mardi.

"La police algérienne m’a immobilisée, ainsi que la délégation qui m’accompagne sans aucun motif", a-t-elle écrit. Relâchée après 1H15 sans explications, elle dit avoir été de nouveau immobilisée durant 3H00 à un barrage routier: "On nous prend nos passeports" et "toujours sans explications, on nous escorte vers Alger" où "nous sommes sous surveillance dans un hôtel".

Auparavant, le président de LFI, Jean-Luc Mélenchon, se disant "inquiet", avait lancé devant la presse un appel aux autorités françaises et algériennes pour que "Mme Panot et sa délégation puissent prendre l’avion du retour", affirmant prendre la situation "très au sérieux".

Il avait indiqué que le président de l’Assemblée nationale française Richard Ferrand avait, comme lui, alerté le ministère des Affaires étrangères. D’autres parlementaires ont également apporté leur soutien, comme les sénateurs socialistes.

Dans un message lundi sur Facebook, la députée française, qui avait prévu au départ de rester jusqu’à vendredi, avait expliqué être en Algérie depuis dimanche "en tant que militante de la révolution citoyenne" pour "rencontrer les acteurs et actrices du mouvement populaire pour comprendre, apprendre et exprimer notre solidarité à cette révolution du sourire".

Elle avait dénoncé des incarcérations et condamnations abusives de manifestants, "une volonté d’effrayer le peuple pour arrêter un mouvement révolutionnaire historique et pacifique", après avoir rencontré des députés du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie), les responsables du PST (Parti socialiste des travailleurs), le MDS (Mouvement démocratique et social) et le Réseau de lutte contre la répression, pour les libertés démocratiques et la libération des détenus d’opinion.

Elle avait lancé un appel à la "solidarité avec le peuple algérien", estimant notamment que le président français "Emmanuel Macron et l’Union européenne ne (pouvaient) se taire sans être complices".

"Dans tous les pays du monde, on rencontre des opposants et cela ne pose pas de problème. Si on ne peut faire que des commentaires louangeurs, alors, on ne va nulle part", a affirmé M. Mélenchon, qui se demande si "la tension extrême" en Algérie n’a pas été "sous-estimée".

Déclenché en février, le mouvement de contestation en Algérie, qui a poussé le président Abdelaziz Bouteflika à démissionner début avril, réclame toujours le départ de l’ensemble du système au pouvoir avant tout scrutin.

Une présidentielle prévue début juillet a été annulée, faute de candidats. Le pouvoir intérimaire a annoncé le 15 septembre une nouvelle date pour l’élection, le 12 décembre, conformément au souhait du général Gaïd Salah, un ex-fidèle de M. Bouteflika devenu l’homme fort du pays.

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