Une campagne présidentielle algérienne calamiteuse

Entamée le 23 mars 2014, la campagne électorale pour la présidentielle algérienne vient d’amorcer sa dernière ligne droite avant le faux rendez-vous du 17 avril 2014.

Une campagne qui peine toujours à décoller en raison du peu d’intérêt que lui accorde le peuple algérien, qui ne se fait guère d’illusions sur l’issue du scrutin. Même les algériens de l’étranger déclarent leur amertume et leur scepticisme quant au futur de leur pays qu’ils voient sans perspective.

Un constat qui a obligé les cinq candidats et l’équipe présidentielle à opter pour un discours plus social et à se rapprocher davantage du citoyen en mettant l’accent sur son quotidien et sur les questions sensibles au niveau local.

Ainsi, Louisa Hanoune a promis, dans un meeting à Tizi Ouzou, d’officialiser la langue Tamazigh comme langue nationale et de solutionner toutes les revendications de la population Kabyle.

Moussa Touati, pour qui les questions de proximité constituent désormais le thème central de ses discours, à quant à lui affirmé dans une réunion à Ain Témouchent que les services publics de base ne sont pas assurés aux citoyens en raison des pratiques négatives de l’administration locale. Des pratiques qu’il promet de bânnir en donnant plus de compétences aux élus locaux.

Pour ce qui est d’Abdelaziz Belaïd, celui-ci a déploré la gestion calamiteuse des collectivités locales et promis de construire des locaux commerciaux et d’élaborer un programme ayant pour objectif d’implanter, dans chaque commune, des entreprises ainsi que des espaces de loisirs et de sports.

Fawzi Rebaine, de son côté et depuis Tissemsilt où il animait un meeting, il a promis d’offrir aux élites établies en Algérie et à l’étranger toutes leurs chances pour prouver leur capacité sur le terrain.

Le principal challenger de Bouteflika, Ali Benflis, il a prôné à Tipaza une régionalisation dans le cadre d’un nouveau découpage administratif et fait promesse de développer le secteur agricole et de réhabilier l’agriculteur et la terre.

Enfin, le directeur de campagne du Président-candidat, Abdelmalek Sellal, il a promis d’augmenter le nombre de Wilayas et de vanter les mérites de Bouteflika.

C’est dire que les candidats, faute de programmes à présenter aux électeurs, vont focaliser la dernière semaine de campagne sur les préoccupations sociales pour en séduire le maximum en faisant des promesses qu’ils ne tiendront jamais.

Toutefois, le peuple algérien a pu néanmoins se distraire à la faveur de trois évènements qui ont constitué les tops de cette deuxième semaine de campagne présidentielle et qui ont été :

1/ le clip à la gloire du Bouteflika commandité par l’équipe de campagne du Président-candidat qui a soulevé un tollé au sein même de certains artistes qui ont révélé avoir été floués.

Un clip qui a amené une réponse des opposants à Bouteflika et qui fait le buzz sur Internet. C’est la reprise, à la sauce algérienne, de la chanson «Papaoutai» du chanteur belge Stromae sous le titre «Outai Boutefoutai». Une critique amusante mais désespérée de la candidature de Bouteflika.

2/ La manipulation par l’agence officielle APS des propos du Secrétaire d’Etat américain, John Kerry tenus lors de son discours à l’ouverture de la réunion de travail avec la partie algérienne.

Une manipulation éhontée qui a nécessité une ferme intervention du Département d’Etat et de l’Ambassade américaine pour rétablir l’exactitude des propos du haut responsable américain à savoir «qu’il exprimait ses inquiétudes sur la transparence du scrutin de la présidentielle».

3/ En voulant convaincre le Chef de la diplomatie américaine de la crédibilité du Président-candidat, le clan Bouteflika organisa une rencontre qui vit le Président Bouteflika accueillir debout Monsieur John Kerry.

Une scène ubuesque qui fut diffusée mais surtout décortiquée par des experts qui ont décrypté une conversation du Chef de l’Etat algérien hors-propos et comique dont ci-après la transcription :

«Nous donnons ce que nous avons. Vous êtes un peu parcimonieux», reproche le Président algérien à Kerry.

«Que souhaitez-vous Monsieur le président ?», répond Kerry. «Vous avez la technologie et le renseignement que nous n’avons pas !». Aussi incroyable et invraisemblable que cela puisse paraître, c’est ainsi que Bouteflika a parlé. Et contre toute attente, de façon complètement impromptue, il a prédit à Kerry le prix Nobel de la Paix.

Un entretien qui a certainement apporté au Secrétaire d’Etat américain et au peuple algérien la preuve d’une absence de crédibilité du Président-candidat Bouteflika et son incapacité totale à diriger l’Algérie.

En conclusion, la prochaine élection présidentielle en Algérie du 17 Avril 2014, présente toutes les caractéristiques d’une mascarade, à l’image de la quasi-totalité des élections de l’histoire de l’État algérien.

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