Une Fondation et une association cultuelle « pour bâtir l’islam de France »

Le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a lancé lundi des consultations avec des représentants du Conseil français du culte (CFCM), de la société civile et et des parlementaires, pour « pour bâtir l’islam de France », et ce dans un contexte post-attentats et un climat tendu par la polémique sur le burkini.

Pour le ministre, "l’objectif est de faire émerger de manière volontariste, dans le respect de la laïcité, dans le dialogue et le respect mutuel, un islam de France ancré dans les valeurs de la République."

Il a appelé de ses voeux une "relation forte et apaisée" avec les musulmans de France. "Cette nouvelle étape présente aujourd’hui un caractère d’urgence et de nécessité particulier", a-t-il dit lors d’un point presse à son ministère, place Beauvau. "La France est en guerre contre le terrorisme, elle est en guerre contre un ennemi qui cherche à la diviser."

"Nous devons rappeler que la République a vocation à prendre dans ses bras tous ses enfants, quelles que soient leurs origines et leur confession", a souligné M. Bernard Cazeneuve, estimant que l’islam de France devait "amplifier" son engagement pour la République.

Pour bâtir cet islam de France, le ministre de l’Intérieur va mettre en place une "Fondation de l’islam de France", qui sera adossée à une association cultuelle (loi 1905).

Cette fondation d’utilité publique, laïque, est annoncée pour l’automne et présidée par l’ancien ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement, 77 ans. A ses côtés siègeront notamment le Prix Goncourt Tahar BenJelloun, l’islamologue Ghaleb Bencheikh, le recteur de la mosquée de Lyon Kamel Kabtane, et Najoua Arduini-Elatfani, ingénieure, ex-présidente du Club du XXIe siècle.

"C’est une oeuvre de longue haleine", a prévenu Jean-Pierre Chevènement, en rappelant qu’il avait travaillé à la construction d’un "islam de France" dès 1997.

Cette fondation doit permettre de lever des financements pour des projets en matière profane (thèses de recherche sur l’islam, bourses d’études, projets culturels et socio-éducatifs…).

Laïcité oblige, le volet religieux relatif notamment à la formation théologique des imams, construction de mosquées sera entre les mains de l’association cultuelle administrée par des représentants musulmans, et dans laquelle l’Etat ne sera pas partie prenante.

Ni la fondation laïque ni l’association cultuelle qui lui sera adossée ne seront autorisées à recevoir des financements étrangers (hors Union européenne), souvent critiqués même s’ils sont minoritaires (environ 15%, selon l’Intérieur) car jugés difficilement compatibles avec le projet d’un islam républicain. Cette interdiction est inscrite dans leurs statuts, a-t-on souligné place Beauvau.

Mettre à contribution le halal

Des financements étrangers, ne transitant pas par ces deux structures, seront toujours. "En suscitant de nouvelles ressources en France, on doit avoir un effet sur le tarissement des financements étrangers", prédit-t-on dans l’entourage de Bernard Cazeneuve.

Le gouvernement lancera par ailleurs une mission chargée de proposer la création de nouveaux diplômes d’islamologie, pour aller au-delà des formations dejà proposées dans une quinzaine de grandes universités à de futurs imams et aumôniers.

L’idée d’une fondation pour l’islam n’est pas nouvelle. En 2005, Dominique de Villepin, alors ministre de l’Intérieur,
avait créé la Fondation des œuvres pour l’islam de France, qui a été minée par les divisions partisanes en re les fédérations musulmanes.

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