Un journaliste algérien dénonce une arrestation accompagnée de violences physiques et verbales

Un journaliste algérien, arrêté vendredi à Annaba alors qu’il couvrait dans cette ville du nord-est du pays la grande manifestation hebdomadaire contre le régime, a accusé lundi la police de violences physiques et verbales à son égard durant huit heures d’interrogatoire.

Rédacteur en chef du quotidien local Le Provincial, Mustapha Bendjama a affirmé à l’AFP avoir notamment subi gifles et coups de la part de membres des services de renseignements de la police, qui l’ont arrêté alors qu’il retransmettait en direct sur Facebook la manifestation hebdomadaire à Annaba (400 km à l’Est d’Alger).

Un certificat médical, qu’il a transmis à l’AFP, fait état "d’ecchymoses" et d’une "abrasion épidermique" sur les bras et lui accorde 5 jours d’interruption temporaire de travail (ITT).

Sollicitée, la cellule de communication de la Direction générale de la sûreté nationale n’était pas joignable dans l’immédiat.

Selon M. Bendjama, des "éléments des Renseignements généraux" (RG) l’ont arrêté "en usant de violence verbale et brutalité physique".

Au commissariat, ils "ont exigé une fouille au corps. Ils m’ont ordonné de retirer tous mes vêtements (…), on m’a crié dessus", alors qu’une douzaine de policiers étaient présents, a-t-il ajouté.

Dans les bureaux de la Police judiciaire, où il a ensuite été transféré, les policiers l’ont "obligé à déverrouiller" son téléphone portable. "Ils l’ont passé au crible. Ils ont vu mes photos, vidéos et surtout mes conversations" sur les messageries et réseaux sociaux, a expliqué le journaliste à l’AFP.

"Ils m’ont reproché le fait de discuter avec d’autres journalistes d’Alger et d’ailleurs, car depuis le début du mouvement de contestation, je transmets des infos (…) à d’autres consœurs et confrères", a-t-il poursuivi.

Relâché au bout de huit heures, le journaliste lie son arrestation au fait qu’il a récemment "dénoncé les agissements violents des éléments des RG d’Annaba envers les manifestants" et a dit envisager de porter plainte.

L’Algérie est le théâtre depuis le 22 février d’un mouvement de contestation sans précédent qui a poussé le président Abdelaziz Bouteflika à la démission après 20 ans au pouvoir. L’actuel pouvoir intérimaire refuse depuis plusieurs semaines la mise en place d’institutions de transition réclamées par les manifestants et a multiplié récemment les arrestations.

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