Un hôtel à Moscou lance le service halal, face à l’afflux de clients musulmans

Petit déjeuner sans jambon, salle pour la prière et Coran dans la chambre: un hôtel de Moscou vient de lancer un service halal, une première dans la capitale, face à l’afflux de clients musulmans.

"Près de 70% de nos clients viennent de l’étranger, dont 13% — soit quelque 5.000 personnes — de pays musulmans, notamment d’Iran", explique à l’AFP Lioubov Chian, responsable du service marketing de l’hôtel Aerostar.

"Chaque fois, les clients musulmans nous demandent s’il est possible d’avoir une salle à part pour faire la prière ou de bénéficier d’un menu spécial" sans porc, raconte-t-elle. "Nous souhaitons que tout le monde se sente ici comme chez soi", ajoute-t-elle.

Après une longue procédure de certification menée par les autorités musulmanes, cet hôtel situé dans le nord de Moscou, à mi-chemin entre l’aéroport international de Cheremetievo et le centre de la capitale russe, s’est doté depuis le 1er octobre d’un service halal qui ne propose aux fidèles que ce qui est autorisé par l’Islam.

"Nous avons équipé 20 chambres, sur les 308 de l’hôtel, avec un tapis de prière, une cruche pour les ablutions et une petite boussole qui indique la direction de la Mecque" face à laquelle les musulmans doivent se tourner en priant, a indiqué Mme Chian.

Un Coran, placé dans une petite table de nuit, à côté du lit, est également à la disposition des clients dans les chambres halal.

"Même le shampooing et le savon dans la salle de bains ont été certifiés comme produits halal et ne contiennent ni matières grasses d’origine animale, ni alcool", souligne Mme Chian.

Deux salles de prière — une pour les hommes et une pour les femmes — ont par ailleurs été aménagées, et une cuisine séparée, entièrement halal, a été équipée.

"Vous ne trouverez ici ni porc, ni jambon", assure le cuisinier en chef de l’Aerostar, Vitali Oukhanov, lorsqu’il accueille l’AFP dans cette petite cuisine claire, décorée du logo "halal" placé au milieu d’une étoile à branches vertes — couleur considérée traditionnellement comme celle de l’islam.

"La vaisselle est toute neuve et n’est jamais utilisée dans la cuisine principale" destinée aux autres clients, ajoute-t-il.

La clientèle halal est par ailleurs servie à des tables à part, avec un petit-déjeuner buffet adapté à ses goûts.

Des réservations pour le service halal ont déjà été reçues d’Iran et de Malaisie, se félicite Mme Chian.

– ‘Services extrêmement demandés’ –

La Russie, frappée par les sanctions de l’UE et de Washington qui l’accusent d’être impliquée dans le conflit en Ukraine, voit ces derniers mois le nombre de touristes occidentaux, notamment en provenance des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, baisser de 30 à 50%, selon l’Union russe de l’industrie touristique.

"En raison de la chute du tourisme en provenance de l’UE et de l’Amérique, l’industrie touristique russe se tourne désormais vers les touristes des pays musulmans", estime un responsable du Centre international de certification "Halal" à Moscou, Samat Sadykov.

"Créer des conditions confortables pour leur séjour en Russie est ainsi plus que jamais d’actualité (…), et les services halal deviennent extrêmement demandés", a-t-il déclaré à l’AFP.

A ce jour, à part l’Aerostar, il n’existe en Russie que deux hôtels au Tatarstan — une république russe historiquement musulmane aux bords de la Volga — qui proposent des services halal certifiés, notamment par ce centre, selon M. Sadykov.

Un autre hôtel situé dans les montagnes à Sotchi — ville hôte des Jeux olympiques d’hiver-2014 qui va accueillir également une étape du Mondial de football-2018 — a récemment déposé une demande de certification.

"Après les JO-2014, Sotchi dispose d’une belle infrastructure, notamment des hôtels de luxe, et ces hôtels aspirent naturellement à attirer des touristes des riches pays arabes", ainsi que de l’Iran et de la Turquie, a expliqué M. Sadykov.

Mais cette offre d’hébergement halal est "tout à fait insuffisante" pour un pays qui compte quelques 20 millions de musulmans, affirme-t-il.

"Et si on compte les touristes et les hommes d’affaires musulmans qui viennent en Russie du Moyen-Orient, de Turquie ou d’Iran, il s’agit d’un nombre vraiment énorme de clients potentiels", ajoute M. Sadykov.

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